Le titre original de ce long métrage "Triangle of Sadness", "triangle de tristesse" en français désigne l'espace entre les sourcils qui révélerait l'état psychologique d'une personne, comme il est dit dans la scène d'ouverture par l'un des membres du jury. Ce 5eme long métrage de Ruben Östlund commence par nous présenter un couple de mannequins. Ici les rôles socialement genrés sont inversés (mais on n'est pas non plus dans Jacky au royaume des filles) : c'est la femme qui gagne plus que l'homme et ce dernier lui fait une scène par ce que c'est toujours lui qui paie alors qu'elle gagne plus que lui. Ils se disputent au restaurant, puis chacun rentre dans sa chambre d'hotel jusqu'à ce que la fille vienne s'excuser et admettre qu'elle l'avait manipulé.

Ensuite on retrouve ce couple de mannequins partis en croisière sur un bateau de luxe grace à une invitation dont a bénéficié la jeune femme. Ils se retrouvent en compagnie de très riches. Un russe qui a fait fortune dans le fumier, des marchands d'armes, etc. Au début du film, le spectateur pouvait déjà les trouver insupportables, il voit qu'il y a pire qu'eux. Le réalisateur nous montre que plus on se rapproche du sommet de la pyramide sociale, plus on a de chance de côtoyer les pires fumiers, les pires raclures de bidet. Oui, pour devenir riche, vous avez intérêt à vendre de la merde. De la merde au sens propre comme le russe, ou au sens figuré, vendre des armes pour que des gens s'entretuent, ça c'est vraiment de la merde. Plus vous vendez votre merde plus vous serez riche. Et ça ne s'arrête pas là avec la merde parce que la croisière va peu à peu partir en couille. Une veille russe completement folle qui parle français quand ça la chante demande à une employée de se baigner dans la piscine puis exige que tout le personnel enfile son maillot de bain pour glisser sur le toboggan.

Non mais allo quoi ! Et le soir c'est diner avec le vrai faux capitaine du bateau joué par Woody Harrelson alcoolique socialiste et amateur de burgers. C'est là que tout part en cacahuète. Il y a un peu de mer, le bateau tangue. On sert des mets raffinés aux passagers qui se mettent à vomir les uns après les autres. Ils se mettent à quitter leurs tables et certains se réfugient dans leurs cabines parce que ça sort aussi par derrière. Et ça déborde, et il y a du caca partout.

Après une accalmie des pirates somaliens arrivent. Ils lachent une grenade qui se retrouve entre les mains de ceux qui l'ont faite fabriquer. Puis une autre explosion et le bateau coule. Après une petite ellipse, quelques rescapés se retrouvent sur une ile déserte. Et la on est dans un Robinson Crusoé / Les naufragés de l'île de la tortue / La mort en ce jardin. Une dictature communiste/matriarcat va se mettre en place. Les rôles vont s'inverser.

Verdict ?

Un peu longuet. Le propos aurait pu se condenser en un peu moins de 2h au lieu des 2h29 mais ça va, on ne s'ennuie pas. Certaines scènes sont efficaces sans être géniales, certains moments sont drôles sans être hilarants. Dans The Square il s'attaquait au monde de l'art contemporain, ici à celui des très riches en général, aux inégalités. Il y a un côté grand adolescent qu'on retrouve curieusement chez les autres réalisateurs scandinaves (Lars Von Trier, Thomas Vinterberg). Un film qui vaut le coup d'œil mais qui ne méritait certainement pas la palme d'or. Et si on a apprécié le mordant du réalisateur on regardera Snow Therapy sans perdre de temps.

Créée

le 7 janv. 2023

Critique lue 14 fois

Hunkarbegendi

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