Une saison au Zoo...

Triangle of sadness (je ne comprends pas le titre français) est un vrai film de cinéma. Il ne se contente pas de faire du divertissement calibré pour un public visé, il propose, il expérimente, il interroge... Bref un cinéma qui interpelle.

Triangle of sadness nous expose une vision satirique de notre société de consommation et des inégalités sociales par le prisme d'une brochette de personnages ultra-clichés mais assumés dans des situations exagérées (souvent à outrance) mais d'un humour assez mordant.

La démonstration pourrait tourner au ridicule mais les personnages sont montrés dans toute leur humanité - leurs fragilités, leurs maladresses, leurs ressources, leurs bêtises... - ce qui à défaut de compassion permet une forte empathie. Et les situations sont truffées de détails assez piquants qui nous alertent et nous tiennent en éveil.

Les scènes s'enchainent comme une série de tableaux ou comme une visite dans un parc animalier. Ces "bêtes sauvages" retenues en captivité dans leur univers factice et fragile nous amusent autant qu'elles nous font réfléchir sur notre propre place dans la société.

Sur le plan technique, la bande son est assez réjouissante. Elle souligne assez bien la démesure et l'aspect artificiel de l'apparente perfection de l'univers dans lequel navigue les personnages. Petit regret sur la sous-exploitation du génial Woody Harrelson, par contre immense joie sur la prestation du facétieux Zlatko Buric. Sur la mise en scène et le montage le film mériterait, à mon sens, de réduire le nombre de scènes "d'effusion de fluides" afin de gagner (un peu) en subtilité...

Je suis un peu déçu par la fin qui manque de courage en n'osant pas faire de prise de position et en jouant la facilité en la laissant ouverte.

Triangle of sadness est un film drôle et osé qui mérite le voyage (avec ou sans palmes...)