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Trois actes et presque autant de manqués

Triangle of Sadness se présente en trois actes démontrant, au sens propre comme au figuré, le naufrage de la société occidentale, fondée sur l'individualisme, la société de consommation et le capitalisme (le film usant des grands mots, on ne s'en prive pas ici non plus). Sur un ton déjanté du genre vomi-caca, il se veut mordant et sans pitié. C'est sans grande originalité que l'idée arrive à décoller, ou plutôt à chavirer...

L'acte I est consacré à l'histoire (d'amour?) de Carl et Yaya, respectivement top model et influenceuse. La scène de dispute sur la personne légitime à payer l'addition s'étire en longueur et vise à montrer que leur histoire est plutôt une histoire d'argent. Dans le contexte contemporain et plus encore du cinéma hollywoodien, où on ne peut que se battre pour le féminisme, l'acte I est un peu manqué, quand on pense qu'il n'a pas un personnage pour rattraper l'autre. Yaya est une tête à claques pourrie, gâtée et effrontée tandis que Carl est une victime colérique de Yaya, pseudo-féministe ne rejetant pas les us galants voulant que l'homme paie l'addition quand ils tournent à son avantage.

Grâce à Yaya, l'influenceuse qui ne vit plus que par procuration des marques pour lesquelles elle vend son physique, le couple s'embarque tout frais payés sur un yacht de luxe. Les premiers signes de la lutte des classes, thème du film, se font voir, entre l'équipage et le nec plus ultra des passagers. Le film réussit l'exercice, assez facile au demeurant, de rire des grosses fortunes qui ont fait leur argent sur le dos du bien-être de l'humanité: le vieux couple qui surfe sur la vente des armes ou encore le vieux Russe qui avoue sans pudeur être dans le marché de la "merde" (comprenez engrais chimiques). La critique sous-jacente du monde de la richesse indécente explose pour clore l'acte II en un violent accès de vomissement et diarrhée collectif: une "Grande Bouffe" en condensé version 21ème siècle. En parallèle, le naufrage du bateau se fait sur le dialogue décalé et génial entre le capitaine américain communiste et le Russe capitaliste, deux ivrognes qui refont le monde à coup de citations de Roosevelt et de Marx.

Enfin, l'acte III se déroule sur l'île déserte. Il permet la démonstration finale de cette comédie sociale satirique: à l'état de nature, la redistribution des positions de pouvoir ne donne pas le beau rôle aux riches, qui sont totalement inutiles. Il devient clair que Abigail, responsable du nettoyage des toilettes sur le yacht, devient capitaine de l'équipage naufragé. Un retournement saugrenu et délicieux, qui laisse libre cours à des situations cocasses (la veille du feu, la chasse, le système de récompenses...). Le moment est fort mais malheureusement, la claque cinématographique a déjà été donnée en 2019 par Bong Joon-ho avec une intrigue déjantée similaire. Les choses se répètent mais ne plaisent pas de la même manière la seconde fois.

Nuwanda_dps
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le 17 oct. 2022

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Emilie Rosier

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