Idiot, mais riche
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C'est avec ce film, sorti il y a quelques mois, que je m'introduis pour la première fois dans le cinéma de Ruben Östlund dont je connais donc pas le style. Et j'avoue en avoir été plutôt surpris ! Effectivement, j'avais tout d'abord peur de m'ennuyer car deux heures trente pour ce genre de film primé à Cannes, on imagine tout de suite le film d'auteur très intello qui aime bien étirer ses scènes en longueur pour se faire mousser. Et honnêtement, nous n'en sommes finalement pas très loin mais le réalisateur insuffle assez de malaise à son ambiance pour captiver son spectateur du début à la fin ! Le film est divisé en trois parties et c'est, pour moi, la deuxième partie qui est la plus inconfortable je dirai. C'est en en effet un malaise qui vient d'un subtil mélange entre absurdité et réalisme. Par exemple, les remarques et demandes des passagers sont bien souvent grotesques et absurdes (comme celle qui veut nettoyer des voiles inexistantes et qui veut toujours avoir raison, même mise devant le fait accompli ou encore celle qui veut se baigner avec tous les membres d'équipage) mais elles ne paraissent pas si irréalistes que ça ; on imagine très bien ce genre de clients friqués vivant en dehors de la réalité demander des choses complètement grotesques de ce style. Et ça instaure un certain malaise car le personnel tente toujours de répondre présent avec le sourire (dans l'optique de gagner un énorme pourboire à la fin du séjour), ce qui créer un décalage entre notre monde à nous, celui bien réel du spectateur (qui, à moins d'être très riche, n'est pas vraiment familier avec ce milieu). Dans cette seconde partie, absolument tout tourne autour de l'argent, le réalisateur présentant un regard très acerbe sur la superficialité du monde des plus fortunés et cupide et soumis concernant l'équipage ; tout le monde en prenant donc pour son grade. La première partie n'est pas en reste non plus puisque le réalisateur s'en prend dans un premier temps au monde de la monde et des influenceurs qui est tout aussi artificiel et superficiel que celui des riches du bateau. Mais c'est dans sa troisième partie que le film révèle, je trouve, toute sa force.
Les personnages ayant échoués sur une plage, le rapport de force s'inverse complètement. En effet, c'est cette fois la "cleaning lady" qui devient la cheffe étant donné que c'est la seule sachant survivre au milieu de la nature. Sauf que c'est un nouveau statut qui va vite monter à la tête du personnage qui va d'ailleurs vite comprendre les rouages de son nouveau monde : le pouvoir d'infliger des punitions, de se montrer humiliante, de se servir des autres etc.
La fin est quant à elle excellente, faisant passer énormément d'éléments narratifs et de dilemmes par le simple fait de montrer les choses, sans avoir recours aux dialogues donc. "Sans filtre" est donc une excellente surprise qui me donne envie de m'intéresser de plus près à la filmographie du réalisateur !
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Créée
le 20 janv. 2023
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