Un film sardonique, avec de très bon dialogues, mais un peu prévisible.


Le bateau comme allégorie sociale. En bas, les invisibles, en salle des machines ou chargés du ménage (des femmes philippines). Au milieu, le personnel de bord, blanc, souriant et très docile. Sur le pont, en train de fainéanter, un microcosme de privilégiés, que ce soit par le corps (un couple de mannequins, Karl et Yaya) ou par l'argent (un vieux couple de vendeurs d'armes, un ancien soviétique reconverti dans la vente de lisier en gros).


Tout tourne autour des privilégiés, et puis arrivent deux événements perturbateurs : une tempête, puis une confuse attaque de pirates. Un petit groupe se retrouve échoué sur une île grecque. Une nouvelle hiérarchie sociale se reconstruit autour de la bonne philippine, seule à savoir pêcher, qui instaure une sorte de matriarcat.


Un tableau de l'humanité au vitriol, où la plupart des personnages sont ridicules ou haïssables. Nous sommes montrés pour les primates sociaux que nous sommes. Je regrette que la dernière partie, sur l'île, n'ait pas été plus longue : c'est la plus intéressante, celle où on sent que chaque scène peut basculer dans une direction imprévisible.


Mais au final du voyage, si la tension est bien rendue avec des effets minimalistes et un très bon jeu d'acteurs, la dernière ligne droite s'avère assez sage et académique. Dommage pour un film dont le début était si abrasif.


+ Si vous venez pour Woody Harrelson, je vous préviens, vous serez un peu déçu. Non qu'il joue mal, mais son rôle n'est pas si central que ça, sachez-le.


Une allégorie sociale acerbe, ça fait toujours du bien. Ce film mérite son petit succès.

zardoz6704
7
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le 5 déc. 2024

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zardoz6704

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