Il y a des films qu’on attend pas, qu’on voit pas venir. On se pose dans une salle de ciné et on se dit qu’on va passer un bon moment. Souvent c’est vrai, et parfois, on est à des années lumières de la réalité.
All of us strangers ne m’a pas fait l’effet d’une gifle pour reprendre la formule courante, il m’a fait l’effet d’une tentative de meurtre.
All of us strangers est venu taper avec une massue dans tous les recoins de mon intimité que je pensais bien protégée et inaccessible. De manière indescriptible, All of us strangers a fait écho en moi à des choses que j’ignorais s’y trouver.
All of us strangers vient éveiller toutes nos émotions contradictoires avec la douceur d’un marteau piqueur. Notre besoin absolu d’amour, notre envie dévorante et hurlante d’aimer. Notre besoin irrépressible de nous protéger, de surtout surtout surtout ne laisser personne entrer. Parce qu’aimer c’est risquer de perdre. Et parfois on perd tout.
Les blessures du passé, les souvenirs lancinants de ceux qu’on a quand même perdus alors que nous ne nous sommes jamais laissés les aimer nous suivent comme des fantômes, nous transformant en comètes mélancoliques.
All of us strangers nous rappelle que nous sommes tous des petites étoiles égarées dans une univers immense, silencieux et infini. Des petites étoiles qui se frôlent parfois mais qui se perdent en moins de temps qu’il n’en faut pour dire je t’aime.