Alors qu'elle travaille dans un cabaret pour survivre et élever son jeune garçon, Évelyne, une veuve, va retrouver un médecin québécois qu'elle a passionnément aimé dans le passé...
Alors installé en France suite à la montée du nazisme en Allemagne, Max Ophüls signe en 1939 Sans lendemain où il met en scène l'histoire d'une femme qui souhaite rester dans la dignité, préserver son image et cacher la réalité à tout prix, pour un homme qu'elle aime et qui lui, a réussi dans la vie. Ophüls braque sa caméra sur elle et fait ressortir tout le côté pathétique et tragique du destin de son héroïne où se mêleront amour, drame et regrets,
Néanmoins, l'ensemble n'est pas exempt de tout reproche, à commencer par un manque de puissance dramatique autour d'Évelyne et, de ce point de vue là, on est loin de son chef-d'oeuvre Lettre d'une inconnue. Ophüls arrive tout de même à mettre en place une vraie ambiance désespérée autour de cette femme, une atmosphère sombre flirtant parfois avec la mélancolie qui s'avère prenante tout le long du récit. Il met en avant le regard que l'on peut avoir sur sa vie, l'image que l'on y perçoit et celle que l'on veut renvoyer et il fait ressortir l'impression et le sentiment du temps qui passe.
De plus, Ophüls capte à merveille la nuit et ses tourments, à l'image des scènes dans le cabaret et donne un côté poétique à son oeuvre. Il soigne la reconstitution (décors, costumes...) et nous transporte dans cette époque fascinante et au cœur de la vie nocturne de son héroïne. Quant à Edwige Feuillère, elle livre une grande composition où elle se fond dans cet univers sombre et désespéré.
Peu avant son départ pour les USA, Max Ophüls sublime Edwige Feuillère pour un film qui ne retranscrit pas toute l'intensité et puissance dramatique du sort de son héroïne mais dans lequel on est transporté grâce à son ambiance nocturne et mélancolique.