Les jeux vidéos rendent accroc c’est convenu. La prochaine étape est donc celle de l’embrigadement en formant les joueurs à devenir de redoutable tueurs. L’armée de terre américaine en a fait son cheval de bataille en utilisant Call of Duty comme outil de propagande afin d’envoyer de la chair fraîche pour le broyeur au moyen orient. Il en va de même pour Zale Dalen qui durant les années 90 a tenté de profiter de l’avènement de la 3D et des technologies d’images de synthèses pour livrer ce Virtual Kickboxing, peut-être dans le but inavoué de former une nouvelle génération aux arts martiaux. Il s’agit d’un film de baston sur fond de complot, où une organisation assassine enjoint ses agents à s’entraîner à la réalité augmenté pour parfaire leurs techniques de combat. Cela se traduit à l’écran par une surabondance de fonds vert et d’environnements à peine digne d’un écran de veille de Windows 95. Autrement dit, la mise en scène ne fait pas illusion bien longtemps et ne permet d’aborder la castagne que sous le prisme d’un FMV au sein de décors composite généré aléatoirement, et peuplé d’adversaires fantoche interprétés par de vrais acteurs. Clown tueur, ninja, samurai, gladiateur, barbare et autres PNG se relaient ainsi sur différents niveau de difficulté que le duo de flics infiltrés n’auront aucun mal à dérouiller. Mais pour espérer déjouer les plans de cette infâme corporation, il leur faudra néanmoins battre le maître à son propre jeu.
Distribution de mandales et civet de bras cassés sont donc au programme de ce nanar incandescent qui cumule les fusillades, courses poursuites et affrontements à rythme métronomique pour empêcher le spectateur de trop cogiter face à la laideur du programme et la pauvreté de la mise en scène qui ne choisit pas toujours les meilleurs axes de prise de vue. Evidemment rien ne nous est épargné, du PDG tyrannique et mégalomaniaque dont le portrait géant recouvre les murs de l’académie, les nombreux faux raccords qui émaillent le film, les cadavres qui s’agitent encore, la blonde de service (Laurie Holden dans son premier film) qui fait plante verte. En réalité la surprise viendra plutôt du choix de déjouer la règle du « black guy die first » en faisant du noir le principal protagoniste du film. En réalité, Billy Blanks, le Mario Balotelli du taekwondo et créateur du Tae Bo avait déjà quelques premiers rôles à son actif dans des productions du même acabit (Showdown, TC 2000, Back in Action) après avoir fait office de second couteaux ou d’adversaires à des acteurs souvent plus prestigieux que lui. Ici c’est bien lui le maître et Jalal Merhi qui portait à la fois la casquette d’acteur, producteur et second réalisateur. Ce dernier reprendra d’ailleurs les rênes de la suite (Expect to die) deux ans plus tard ainsi que le premier rôle. Si vous vous sentez éventuellement nostalgique des débuts de la 3D, il se peut que vous appréciez ce simulacre de Mortal Kombat qui dispose même de sa propre adaptation vidéoludique (il s’agit d’une création amateur, t’excite pas Fred Molas). On ira pas jusqu’à parler d’euphorie ou d’ivresse communicative, mais le film de Zale Dalen fait le boulot, un peu comme un atemi du Big Show dans la nuque qui vous laisse la même marque qu’un coup de soleil en plein cagnard et qui finira par disparaître de votre mémoire à tout jamais, comme votre édition de Virtual Kickboxing dans un vide-grenier, ou bien comme celle que vous aimez avec son conjoint et son bébé. Vous espériez vraiment arriver à tout oublier ?
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