Le bayou, c'est l'enfer
Walter Hill fait partie de cette génération de cinéastes musclés qui pointent le nez à l'aube des années 80 et à laquelle appartiennent des gars comme John Milius ou John Carpenter ; je l'ai...
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Walter Hill fait partie de cette génération de cinéastes musclés qui pointent le nez à l'aube des années 80 et à laquelle appartiennent des gars comme John Milius ou John Carpenter ; je l'ai découvert en 1980 avec le trépidant les Guerriers de la nuit, et il est devenu tout de suite un de mes réalisateurs fétiches dans cette génération. Sans retour est probablement son film le plus méconnu, tourné sans vedettes et passé quasiment inaperçu à sa sortie en 1981. C'est fort dommage car c'est un huis-clos marécageux angoissant dans les bayous de Louisiane, accentué par des décors hostiles et un suspense haletant sur le thème de la survie, servi par de bons acteurs encore peu connus à l'époque, comme Fred Ward, Peter Coyote ou Powers Boothe qui allaient se faire un nom durant la décennie 80.
C'est sans doute son film le plus dur, le plus oppressant et au tournage difficile, tout se passe dans un bayou, en territoire cajun, là où l'on baragouine un dialecte étrange avec des mots français, car ces locaux sont des descendants des Acadiens, cousins des Français. Hill utilise de façon formidable ce décor de marais et en fait presque un personnage à sa façon en larguant 9 soldats de la Garde Nationale partis au départ pour une paisible marche de reconnaissance, 9 gars plus citadins que baroudeurs, en uniforme et en armes mais avec des balles à blanc. Tout dérape à cause d'une connerie de provocation mal comprise par les Cajuns, et d'un seul coup, les braves petits soldats, au lieu de repartir, vont aller de connerie en connerie, jusqu'à déclarer une guerre à des forestiers rugueux, défendant leur habitat et connaissant le terrain, ce bayou qui devient un terrain de chasse à l'homme où ces "bleus" sont livrés à eux-mêmes, perdus au milieu de nulle part et dévorés par la peur dans un lieu de verdure et de marécage qui se transforme en enfer.
Walter Hill en profite pour brasser les thèmes de la tolérance, du racisme, de la bêtise humaine sous l'étiquette du survival, en développant un semblant d'allégorie (l'homme est un loup pour l'homme, il est la victime éternelle de son côté animal et de sa sauvagerie), mais sans trop forcer non plus cette carte, Hill ayant surtout vocation d'offrir un bon film d'action, rude, violent et très efficace, avec une photo superbe et une mise en scène au cordeau.
On peut rapprocher ce film des Guerriers de la nuit où sa bande de Warriors cherchait à échapper à des bandes rivales à travers un New York nocturne, ici c'est pareil, sauf que le décor est un enfer vert. Ce style de film a été ensuite très imité (groupe de militaires envoyés dans la nature), parfois ça a donné de vrais chefs-d'oeuvre comme Predator ou Dog soldiers, et d'autres fois de vraies daubes que je ne citerai pas, de même que le thème de la chasse à l'homme a été aussi très utilisé depuis les Chasses du comte Zaroff. En attendant, Walter Hill met tout en oeuvre pour nous faire vivre cette palpitante descente aux enfers, au premier degré, sans excès de symboles ni outrances.
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le 4 avr. 2020
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