Très belle production Appatow, qui poursuit avec bonheur, simplicité et humilité la thèse comique crée par son auteur et auquel Stoller se plie parfaitement : ne rien raconter, si ce n'est que l'air du temps, l'ennui de ces losers magnifiques qui valent bien au moins un film. Sur les plages d'Hawaï, il ne se passe rien de spécial, si ce n'est qu'un couple se fait, se défait, se refait, et que les répliques résonnent d'un parfait écho à nos rires jamais déclenchés par la force, mais qui viennent ainsi comme il viennent dans la vie.
De ce point de vue, Sans Sarah rien ne va est peut-être le plus beau film produit par le géant de la comédie américaine. Et que l'histoire de ces paumés, ratés qui auront bien le droit à l'heure de gloire, quand même, émeut, touche et fait rire à chaque fois. Rien de capitale, des dialogues qui s'enchainent, des scènes qui prennent le temps de s'installer, des acteurs qui s'en donnent à cœur joie - dont le coolissime et hilarant Russel Brand - et à l'arrivée, un film d'une étrange poésie, entre-deux tons, graves et drôles, qui sonne à l'étrangeté d'un réveil tout seul dans son lit. C'est le bilan d'une première moitié de vie, une gueule de bois à grande échelle, un sommeil trop long pris en compte par son personnage. Jamais lourd, jamais vulgaire, toujours trash, impeccablement maitrisé dans la comédie. Et à la fantaisie de venir terminer tout ça, dans un final grandiose de burlesque mélancolique. Dernier éclat de rire, pour les plus ronchons dernier sourire ému - et bravo, quand même.