Ce film, c'est un écrin de vérité qui explose et tonne. Macha Méril, qui joue dans "Sans toit ni loi" a dit d'Agnès Varda : "Chaque matin, quand elle se lève, elle regarde, elle voit des choses que les autres ne voient pas". C'est sous ce regard là, adroit et aguérri, que naissent les traits de Mona, qui aime et gueule comme une lionne. Pour s'approcher de cette fille en rupture avec la société, Agnès Varda peint une mosaïque de ses rencontres tout au long de sa vie de baroudeuse. Alors les joues rouges et tristes de la fille envieuse de la liberté de Mona, alors le béret du garagiste qui couche pendant une heure sous sa tente, alors le regard bienveillant de cette femme botaniste pleine d'attentions pour Mona. Chaque regard, chaque mot, chaque sourire est tellement vrai que l'on se croit avec Mona et ses compagnons de fortune à la gare ou au squat. Il y a quelque chose dans l'oeil d'Agnès Varda qui fait oublier la présence de la caméra. Ce je-ne-sais-quoi qui brise les limites de l'écran et qui laisse le vent froid nous cingler le visage.