Ouïe, mais non
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Sûr que j'ai passé un bon moment devant Sans un Bruit. Que le high concept était formidable et que la tension était au rendez-vous.
Oui mais...
Pas sûr cependant qu'il mérite la hype actuelle qui le porte.
Tant mieux pour lui et pour le genre, après tout : si cela pouvait faire que ce dernier sorte de la confidentialité quasi honteuse, le masqué est preneur.
D'autant plus que Sans un Bruit est plein de bonnes idées, de moments forts calqués sur La Guerre des Mondes, quand un extra-terrestre explore la cave d'Ogilvy alors que Tom Cruise s'y retranche. Que cela devient sacrément claustro et tendu. Pas beaucoup d'explication sur l'origine du mal non plus : le film a le bon goût, sur cet aspect, de ne pas donner toutes les clés concernant la présence de ces terribles agresseurs, ultra rapides et qui semblent à vif.
Le film de John Krasinski se pare aussi de jolis moments d'émotions, de relations complices d'un père avec son fils, rompant enfin de silence au bord d'une chute d'eau sécurisante. Plus compliquées entre un père et sa fille, entre culpabilité et incompréhension silencieuse. On évolue en terrain connu, certes. On voit certaines moments arriver de loin. Mais quand ils se dessinent à l'écran, rien n'empêche une petite émotion de monter malgré tout. A moins que le masqué soit de plus en plus gnan-gnan question sentiments.
Cela fait écho à l'absence relative de dialogues, remplacés par les signes, les gestes tendres, des regards complices ou inquiets, une chanson partagée. La plupart des choses se passent des mots. Le silence est leur plus parfait écrin. Sans un Bruit tenait là une sorte de graal.
Dommage que John Krasinski n'ait pas voulu (pu ?) aller jusqu'au bout de son concept. Dommage qu'il noie certaines séquences de la musique de Marco Beltrami. Pas qu'elle soit mauvaise, au contraire, mais elle surligne beaucoup trop l'émotion. Elle assiste totalement le spectateur en lui signifiant, alors qu'il n'y en avait aucun besoin, quoi ressentir ou encore quand frissonner.
Au point de parfois désamorcer de sacrées montées d'adrénaline qui, sans un bruit autre que celui de l'ambiance blanche et aride, auraient constitué des sommets de peur encore plus incroyables.
Ça et quelques grosses facilités d'écriture parfois crispantes ternissent quelque peu un bilan qui aurait pu être remarquable de maîtrise si Sans un Bruit était allé au bout de sa pensée et de son exécution. S'il ne s'était pas rendu accessible au plus grand nombre.
Reste cependant quelque chose d'agréable et de parfois habile, émouvant et généreux en spectacle. Pas de quoi, en tous cas, faire dire aux cyniques habituels, ceux qui écrivent bien mais longuement avec un dédain parfois imbuvable, un truc faussement fun du genre "beaucoup de bruit pour rien".
Mais plutôt quelque chose comme, au hasard : "Quoi qu'en pensent les bavards le silence n'est pas une langue morte" (G. Lacroix)...
Dommage seulement que John n'en ait pas suivi totalement la dernière partie.
Behind_the_Mask, qui arrête parce que ça rend sourd.
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le 5 juil. 2018
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