Ouïe, mais non
Après les récents Split, Get out, Don’t breathe ou même Green room, voici un nouvel exemple de film de genre au potentiel énorme avec une idée de départ originale, du moins bien trouvée, pourtant...
Par
le 1 juin 2018
95 j'aime
10
Après les récents Split, Get out, Don’t breathe ou même Green room, voici un nouvel exemple de film de genre au potentiel énorme avec une idée de départ originale, du moins bien trouvée, pourtant incapable d’en tirer autre chose qu’un produit standard offrant à peine deux ou trois frissons. Sans un bruit avait tout pour devenir une œuvre aboutie (un truc stylé mélangeant La route à La guerre des mondes, avec un soupçon de It comes at night) parvenant à transcender son concept initial et en proposer un modèle du genre, ou quelque chose s’en approchant. Ici en l’occurrence, des créatures sanguinaires ayant envahi la Terre, aveugles mais ultra réceptives au moindre son émis, obligeant désormais femmes, hommes et enfants (et une famille en particulier) à vivre sans faire un seul bruit (ne rien renverser, ne rien cogner, ne plus parler…).
Les possibilités de mise en scène, avec un tel dispositif scénaristique, sont forcément multiples et passionnantes, mais John Krasinski et ses scénaristes n’en tirent pas grand-chose (la scène dans le silo illustrant, à merveille, ce sentiment de frustration et de gâchis), sinon des situations prévisibles et rebattues quand elles ne sont pas à la limite du vraisemblable. Par exemple, en étant purement pragmatique et sans vouloir jouer les rabat-joie, dans une société post-apocalyptique envahie de monstres pouvant vous entendre éternuer à des kilomètres, pourquoi diable aller s’amuser à mettre sa femme enceinte (à moins d’être inconscient, ou débile, ou les deux) en connaissant les "dangers" propres à la chose, genre un bébé qui pleure, qui hurle ou qui gazouille ?
Sans parler de cette fin indigente où, évidemment, ce sont la fille et la mère, passée en mode badass ridicule, qui découvrent tout à fait par hasard comment venir à bout des aliens grâce à une bidouille sonore qui, par son évidence, aurait pu être trouvée depuis belle lurette (l’armée et les scientifiques n’y ont donc pas pensé avant, pas même une seule seconde ?). Sans un bruit abonde ainsi de scènes a priori excitantes sur le papier qui auraient pu déboucher sur de grands moments de terreur sèche (la séquence pré-générique, impeccable), mais cédant trop facilement à des plans passe-partout, un montage paresseux et quelques jump scares dispensables.
Et puis pour un film basé en entier sur la notion de silence absolu, nécessaire à la survie des personnages, pourquoi donc avoir décidé d’y plaquer par-dessus une musique insipide en surlignant les effets ? Pourquoi ne pas avoir, au contraire, privilégié et étendu ce silence à tous les niveaux du film ? Pour le reste, la réalisation fait peu état des richesses conceptuelles de son scénario, Emily Blunt fait les gros yeux (ou les roulent d’effroi, selon l’humeur), et Millicent Simmonds et Noah Jupe sont à peu près aussi insupportables qu'Arianna Richards et Joseph Mazzello dans Jurassic Park. Et, comble pour un film auquel il faut prêter l’oreille, il ne reste finalement que nos yeux, face à une telle déception, pour larmoyer en silence.
Créée
le 1 juin 2018
Critique lue 7.1K fois
95 j'aime
10 commentaires
D'autres avis sur Sans un bruit
Après les récents Split, Get out, Don’t breathe ou même Green room, voici un nouvel exemple de film de genre au potentiel énorme avec une idée de départ originale, du moins bien trouvée, pourtant...
Par
le 1 juin 2018
95 j'aime
10
Sûr que j'ai passé un bon moment devant Sans un Bruit. Que le high concept était formidable et que la tension était au rendez-vous. Oui mais... Pas sûr cependant qu'il mérite la hype actuelle qui le...
le 5 juil. 2018
85 j'aime
12
Aujourd'hui c'est une émission spéciale que nous vous proposons, nous avons rencontré une famille survivante d'un cauchemar qui a frappé notre beau pays, et le plus fou c'est qu'ils ont eu un enfant...
Par
le 27 juin 2018
82 j'aime
18
Du même critique
Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...
Par
le 18 janv. 2017
182 j'aime
3
Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...
Par
le 19 oct. 2013
180 j'aime
43
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
Par
le 11 oct. 2015
162 j'aime
25