Ouïe, mais non
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Le film était projeté dans une de ces salles Dolby ultra moderne qui au prix d'un supplément de quelques euros vous "offre" les éléments de confort apparemment indispensables au spectateur du 21ème siècle : du son en trois D pour se croire au cœur du film, un repose-jambes pour se croire dans son lit et surtout, surtout, une tablette pour y poser tout ce qu'on compte ingurgiter : sodas et sucreries en tous genres.
Autre modernité, vous choisissez votre place à la réservation et vous n'avez plus qu'à espérer ne pas vous retrouver à côté d'un commentateur bavard (vous savez ceux qui vous font vivre leurs émotions ou considérations en direct ) ou d'un grignoteur compulsif. Et quand on est un maniaque du silence au cinéma comme je suis, autant dire que cette astreinte de placement peut dégénérer en séance de torture : au moindre froissement de papier de bonbons mes radars auditifs se mettent en alerte, aux premiers scrognemments de pop-corn mes oreilles entrent en mode localisation, aux slurpements intempestifs mes esgourdes n'en peuvent plus et me voici par la puissance du grignotement projeté en dehors du film.
Le film précisément venait tout juste de commencer : une petite famille essayant de survivre face à une invasion d'extraterrestres mal lunés avec des grandes dents à la Attack the block. et des oreilles surdimensionnées capables de détecter le plus petit décibel à 300 mètres à la ronde.
Lorsqu'un bruit suspect vint résonner au fond de mon oreille gauche.
Non pas un bruit du film, de ceux qui auraient "réveillé" nos aliens portés sur les ondes et mis en danger les personnages. Non, un bruit bien réel provenant d'un fauteuil à moins de trois mètres sur ma gauche. Je pivote la tête à 90° et découvre l'énorme pot rouge que mon voisin a posé à côté de lui comme un trophée. Argh ! Une chose est certaine, ces grignoteurs de maïs éclaté ne sont pas du même monde que moi. Reste à savoir qui sont les "monstres", les "aliens" eux...ou moi qui ai décidé de dire non à toute cette boufticaille ?
Et c'est parti : Scronch ! Scronch !
Faisant abstraction du mieux que je peux, je me concentre sur cette pauvre Emily Blunt qui décidément dans tous les films que j'ai pu voir avec elle a l'art et la manière de se mettre dans les pires pétrins :
non seulement elle est enceinte de 8 mois et demi mais la voici qui voit son mari partir pour la journée, sa fille se carapater en mode bouderie dans les bois, tandis que l'accouchement se déclenche et que, clou de la journée, les petites bébêtes avec des grandes oreilles débarquent dans la maison par le son alléchés...
Quant à mon oreille droite, la voici qui détecte à son tour un second front de grignotage, à 10° sur la droite, deux rangées de fauteuils devant... La guerre est déclarée !
Scronch, scronch....
Scronch, scronch....
Bref, voir un film où le but absolu des personnages est de ne faire AUCUN bruit pour ne pas se faire bouffer tout en étant soit-même entouré de toutes sortes de bruits de bouffe, il y a de quoi en bouffer son ticket à 15 euros !
Scronch, scronch....
Et sentir pour finir une certaine empathie avec ces aliens sensibles du pavillon qui, comme leur congénères de Signes, s'attaquent (en vain) à la famille américaine type : au milieu des champs de maïs (donc de pop corn) et des silos à grains, consommant inutilement des milliers d'ampoules (sans parler des bougies) et imposant finalement sa loi...à coups de fusil !
Oui, pour un peu, j'étais prêt à encourager ces braves bêtes à les bouloter tous autant qu'ils étaient.
Pour vous dire si j'étais énervé.
Scronch, scronch....
Personnages/interprétation : 4/10
Scénario/histoire : 5/10
Mise en scène/réalisation : 7/10
Salle à placement obligatoire avec reposoir à pop-corn : 2/10
5.5/10
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes La vie au bout des doigts, Un mot au coeur du film, (Ma vie filmique) papiers récréatifs et "Les emmerdes ça vole toujours en escadrille" (spoiler)
Créée
le 26 juin 2018
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34 commentaires
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