Chabat, ça a toujours été pour moi la force tranquille de la comédie française. Une personne qui a l’air aussi détente à la ville que dans ses films, et dont l’humour assurément con fonctionne agréablement, même dans des œuvres inégales telles que Sur la piste du Marsupilami ou RRRrrrr !!!. C’était donc sans retenue que je m’étais plongé dans Santa & Cie à l’époque, bien que circonspect de voir le bonhomme s’enfoncer dans le genre du film de Noël, genre ouvert à toute la niaiserie sirupeuse que l’on sait.
Mais Chabat relève le défi haut la main, transformant le bon sentiment inhérent en un terreau fertile pour l’humour bon enfant, bienveillant et espiègle. Via le concept isekai, il trouve une rythmique comique où les répliques à base de noëlisation des jurons et autres calembours douteux font mouche. Il dépasse le classicisme de son intrigue pour proposer une petite parenthèse onirique et drôle dans le chamallow des fins d’années.
Mieux encore, il déploie une inventivité visuelle qui fait plaisir, et ce dès l’introduction de son Pôle Nord, où les décors de carton pâte palpables se conjuguent à merveille aux processus de création des jouets, fourmillant d’idées à la logique saugrenue. C’est l’usine à rêves, le cinéma donc, qui est en marche. Les rênes, personnages à part entière, sont d’ailleurs aussi expressifs que les acteurs humains, montrant d’une minutie réconfortante dans le choix esthétiques du cinéaste.
“Un bon jouet se fait dans la joie” clame le lutin en chef. On comprend aisément que cette philosophie de faire les choses par envie et par passion a traversé la production (jusqu’à embaucher Louise Chabat pour les lutines) tant cela transpire dans le rendu final : drôle, chaleureux, et sans lourdeur.