De film en aiguille Virgil Vernier continue d'étendre sa toile et ses réseaux divers, livrant pour mieux construire une authentique et inédite ciné-cartographie. Après les suburbaines Mercuriales et la technopole Sophia Antipolis le réalisateur hexagonal poursuit sa trajectoire vers une nouvelle, fascinante et déconcertante périphérie francophone : la riche et luxueuse cité genevoise.
Trente et une minutes de la nuit quotidienne d'une bande de "super rich kids" s'enjaillant à renfort de bouteilles de champagne et de rails de coke coupée à l'or pur : voilà le constat strict et certainement sans appel de Sapphire Crystal, micro-chronique tour à tour lucide et dépressive, visuellement dévitalisée mais de laquelle chaque plan, chaque ligne de dialogue et chaque cinégénie réservent une superbe densité filmique.
Du paradis fiscal représenté par ce microcosme humain entièrement déconnecté du réel que sont les jeunes dudit moyen métrage Virgil Vernier dresse un portrait sans fioritures et filmé à juste hauteur, suggérant avec prégnance la déshumanisation des générations de demain... L'Histoire de Genève y tient néanmoins une place accablée, à l'image de cette courte séquence où quatre jeunes taguent verbalement une rangée de statues canoniques, celles-ci guettant stoïquement l'insouciance déficiente de leurs descendants. Film simple et sans effets gratuits Sapphire Crystal figure de fait parmi les indispensables du cinéma résolument passionnant de Virgil Vernier : c'est à voir, absolument.