Notes pour mémoire :
Plongée dans le vide d'une vie sans vitalité, à travers des 'non-dialogues' tirés au cordeau au bord d'un vide plus que sidéral, en ce qu'il a même remplacé - avantageusement, pensent-ils - le scintillement des étoiles par l'éclat des enseignes lumineuses de la richesse ostentatoire.
Au début, il y a bien une jeune fille qui émet cette réserve d'une vie vouée à l'ostentation puis, par inertie de groupe, se range de nouveau à la bonne manière et à l'ennui de soi et de l'autre qui est un mode de vie.
Toutes ces conversations énoncées par les acteurs avec ce réalisme sans fard, jusqu'à la copie indétectable du documentaire, voire du direct et de la conversation surprise en cours, déshabillent d'un coup radical l'habit de fête de la réussite sociale pour n'y faire voir, nus, que le mensonge et la vanité, une assurance creuse et des vies personnelles sans émotions, sans récit possible, voués à la mort sous perfusion.
Tout échoue dans leurs tentatives d'y échapper. Tout ramène à cette mort.
Comme l'or de cette cocaïne qui n'est là sans doute que pour avoir un petit quelque chose à dire pendant trois minutes... et oubliée ensuite.
Froidement filmés, peut-être sans amour mais lequel leur conviendrait? des visages qui ne parlent que lorsqu'ils n'ont rien à dire, que si rien ne bouge du monde qui les anesthésie. Même leurs insolences et leurs moqueries ont cet arrière-goût d'ordre social.
Au doute du début répond un malaise final, celui qu'Ana semble tout à coup ressentir et qui nous relie soudain à leur humanité perdue, avec ce sentiment d'apocalypse que Vernier saisit comme un chaman contemporain depuis quelques films, car ce pourrait être ces jeunes qui ont les clés de notre avenir... Alors, sauve qui peut (la vie), comme disait un autre genevois...