Parfois, à l'issue d'une avant-première, on se trouve un peu seul au monde.


Car invariablement, les bienheureux spectateurs, dans une unanimité remarquable, applaudissent à tout rompre et montrent un enthousiasme non feint, en s'emparant du micro pour poser les traditionnelles questions aux membres de l'équipe du film assurant la promotion.


Sauf vous.


Pas parce que vous êtes un pisse-froid qui n'aime jamais rien, loin de là.


Pas parce que ce que l'on vous a montré vous a sorti par les trous de nez, non.


Au contraire, vous vous sentez un peu désolé, parce que vous ne vous êtes pas laissé contaminer par le succès rencontré et vous faîtes donc un peu profil bas, en applaudissant poliment, comme vos voisins de gauche et de droite, histoire de ne pas gâcher la fête.


Pour en revenir au cas de Sarah Bernhardt, la Divine, je me souviens que durant le film, à l'occasion d'une très brève rencontre entre l'artiste et Sigmund Freud, celui-ci la complimente en la qualifiant d'ensorceleuse.


A l'aune de cet unique ligne de dialogue, force est de constater que le film a peut être manqué le coche.


Parce que le masqué, pour être emporté, il recherche quelque chose à aimer, ou du moins, à retenir d'un personnage, qu'il soit un héros, un salaud magnifique ou au contraire un monsieur tout le monde.


Et en cette soirée d'avant-première, le masqué est resté privé d'un quelconque attachement face à cette Sarah volontiers réinventée, voire fantasmée par instant, du propre aveu de Guillaume Nicloux et de son interprète Sandrine Kiberlain.


Le masqué s'est ainsi retrouvé devant un véritable soleil noir. Une actrice débordante de vie, mais qui bouffe tout simplement tout l'espace disponible de ses excès, de sa gouaille bravache, de son exclusivité avide.


Un personnage qui a tout du vampire, qui donne beaucoup mais qui exige encore plus encore, parfois infecte, parfois pathétique et d'une tristesse absolue.


Sauf que je n'ai jamais été touché. C'est sans doute là qu'est l'os.


Car Guillaume Nicloux et Sandrine Kiberlain auront bon donner tout ce qu'ils ont, et surtout mentir le plus sincèrement possible, Behind n'est jamais rentré véritablement dans l'oeuvre.


Est-ce parce qu'il s'agit ici d'une projection de la célèbre actrice ? Est-ce parce que celle-ci est regardée sous le prisme de notre temps ? Le masqué ne saurait le dire, ni expliquer plus. Pourtant, il n'y a, je pense, rien à reprocher à Sandrine, ni à Guillaume, qui investit l'espace de sa caméra agile, entre superbes décors et costumes fastueux, en donnant au public le sentiment subtil que Sarah est en avance sur son temps.


Mais le masqué est surtout triste aujourd'hui de filer une notre d'entre d'eux. Car il n'a pas détesté Sarah Bernhardt, la Divine. Il n'a tout simplement pas été entraîné dans le tumulte suscité par l'actrice.

… Et se trouvait ainsi bien seul à l'issue de cette avant-première.


Behind_the_Mask, sans Sarah rien ne va.

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le 13 nov. 2024

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