Sartana
6.1
Sartana

Film de Gianfranco Parolini (1968)

Ce film, deuxième à mettre le personnage de Sartana en scène après Les Colts de la violence, définit cependant un personnage tout à fait nouveau qui sera à l’origine d’une saga principalement interprétée par Gianni Garko (sauf Django arrive, préparez vos cercueils où George Hilton le relaie). Même s’il est pointé du doigt par certains pour sa fadeur, Gianni Garko a vraiment une gueule et sa composition du personnage fait partie intégrante de la réussite de cette saga. Dans ce premier volet, c’est Gianfranco Parolini, le père de Sabata, qui est à la baguette (il laissera son poste ensuite à Giuliano Carnimeo) et qui définit ses principales caractéristiques. Sorte de dandy stylé avec son cache-poussière noir à l’intérieur rouge, il a, dès ce premier épisode, cette dimension surnaturelle qui sera la marque de fabrique de la série. Jamais là où on l’attend, immortel, adepte des gadgets, tireur hors pair, sa nonchalance apparente cache un personnage atypique qui court après l’argent que des malfrats tentent de détourner. Face à lui, des notables (ils sont deux ici) et des porte-flingues avec qui il joue au jeu du chat et la souris jusqu’au duel final. Cette façon de jouer au chat et à la souris entraîne parfois certaines incongruités dans le récit. On ne comprend ainsi pas pourquoi il semble s’amuser à piéger ses adversaires sans les confondre, et préfère les ridiculiser.


On comprend bien dans ce premier effort que ce sont les règlements de compte qui intéressent le réalisateur. Les coups de fusil et de révolver claquent tout au long de cette aventure où chaque péripétie semble être un prétexte à une scène d’action. C’est parfois un peu répétitif mais on apprécie la façon dont le réalisateur s’échine à rendre son personnage principal iconique. Gros plan sur sa belle gueule, attitudes théâtrales, adresse au tir, don d’ubiquité, heureux au jeu, tous ces clichés sont présentés avec une véritable efficacité et une bonne dose d’humour qui font de l’ensemble un divertissement de qualité. En adversaire notable, William Berger est de la partie avec sa coupe de cheveux improbable tandis que Klaus Kinski incarne un de ces personnages qui ne ressemblent qu’à lui avec une grande efficacité. Fernando Sancho est, à nouveau, le Mexicain de service qui ne pense qu’à bouffer des cuisses de poulet. Franco Pesce, qui sera de tous les titres, incarne l’habituel croque-mort avec sa gouaille habituelle.


Les choix de mise en scène sont assez forts, ce qui permet de donner une véritable identité visuelle à la fois de son héros et de la saga à laquelle il sera rattaché. Parfois proche du fantastique, le résultat n’est pas un western de plus mais une véritable proposition qui fait évoluer le genre. Moins cruel et plus divertissant en dépit de ses nombreux cadavres qui jalonnent le récit, l’ensemble crée un personnage atypique qui pioche dans différents genres d’exploitation du cinéma italien de l’époque. Western donc, comédie, fumetti et eurospy forment ici un joyeux mariage. Incompréhensible, d’ailleurs, que le personnage de Sartana ne soit pas davantage connu. Personnellement, entre Django, Sabata et Sartana, je vote Sartana sans l’ombre d’une hésitation.


6,5

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il y a 4 heures

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