Le documentaire de Pascal-Alex Vincent sur Satoshi Kon est de facture très classique. Il est très scolaire, il établit une vue d'ensemble de l'œuvre du cinéaste japonais éclatée entre quelques mangas, quelques films et une série. Ainsi on parcourt chronologiquement "Perfect Blue", "Millennium Actress", "Tokyo Godfathers" et "Paprika" après avoir posé un contexte minimal (sous la contrainte posée par la femme du défunt qui ne souhaite pas être associée au projet, ai-je appris par ailleurs) et en établissant les grandes lignes des thématiques archi-classiques à son sujet, structurées autour de la perméabilité de la frontière entre réalité et fiction, entre passé, présent et futur. Le tout est essentiellement alimenté par des entretiens avec des personnalités assez diverses ayant échangé avec Kon : des cinéastes, des dessinateurs, des producteurs, mais aussi, spécificité de l'animation, des voix — et la voix de "Perfect Blue" Junko Iwao, notamment, est très intéressante dans ce qu'elle dit de ce métier et du rapport qu'elle a entretenue avec l'héroïne du film. Pas de quoi crier au génie, il n'y a pas grand-chose de nouveau à dire sur une filmographie aussi courte — et inachevée, puisqu'il était en train de travailler sur un projet radicalement différent a priori — mais on peut par exemple apprécier d'une part le respect d'une part de pathos négligeable, 10 ans après sa mort, et d'autre part quelques commentaires (très parcellaires certes) dissonants qui ne vont pas dans le sens de l'hagiographie unilatérale. Intéressant donc d'entendre parler Mamoru Oshii (avec qui les rapports étaient compliqués) et Mamoru Osoda, mais aussi Darren Aronofsky (la scène de la baignoire dans "Requiem for a dream » n'était donc pas du tout un plagiat mais un hommage clair) ou Marc Caro. Le portrait reste dans l'ensemble très respectueux (malgré quelques traces de comportement buté), très elliptique (au final très peu d'éléments alimentent la biographie et on ne sait pas grand-chose de ses mangas), et présente avant tout pour moi l'opportunité de se replonger dans l'imaginaire d'un auteur qui m'avait passionné il y a un peu plus d'une dizaine d'années.

Créée

le 28 juil. 2023

Critique lue 29 fois

Morrinson

Écrit par

Critique lue 29 fois

D'autres avis sur Satoshi Kon, l'illusionniste

Satoshi Kon, l'illusionniste
Boubakar
7

Le temps des regrets.

Comme son nom l'indique, Satoshi Kon, l'illusionniste est un documentaire sur ce réalisateur d'anime (et aussi mangaka dans sa première carrière), où, bien qu'il n'ait fait que quatre films et une...

le 16 janv. 2022

3 j'aime

Satoshi Kon, l'illusionniste
4A3C
5

Reportage TF1++

Qu'est-ce qui fait un bon portrait ? Comment faire en sorte en faisant un film de créer quelque chose de plus intéressant qu'une simple page wikipédia ? Faire le portrait d'un homme dans toute sa...

Par

le 8 août 2021

2 j'aime

9

Satoshi Kon, l'illusionniste
le-mad-dog
6

L'image dans le miroir sans ses aspérités

2021 fut l'occasion d'une rétrospective Satoshi Kon, notamment une exposition consacré au réalisateur lors des Utopiales ainsi que ce documentaire présenté dans divers festivals (dont Cannes) qui...

le 23 déc. 2021

1 j'aime

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

144 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11