Comme son nom l'indique, Satoshi Kon, l'illusionniste est un documentaire sur ce réalisateur d'anime (et aussi mangaka dans sa première carrière), où, bien qu'il n'ait fait que quatre films et une série télé, a laissé une empreinte considérable dans le monde de l'animation japonaise. Sa brutale disparition en 2010, à seulement 46 ans, est d'autant plus injuste qu'il avait un cinquième film en production, The dreaming machine, qu'on ne verra jamais.
Le documentariste Pascal-Alex Vincent, spécialiste des films asiatiques, a réuni énormément de gens qui l'ont côtoyé, même ceux avait qui il avait des rapports compliqués comme Mamoru Oshii. On retrouve Mamoru Osoda, Megumi Hayashibara, Masao Maruyama, et bien d'autres, ainsi que Darren Aronofsky, lequel rend un hommage appuyé à son confrère, et aussi dans Requiem for a dream où le plan de Jennifer Connelly hurlant dans son bain est repris de Perfect Blue, avec la bénédiction de Satoshi Kon. Du coup, je me demande d'où était parti cette accusation de plagiat...
C'est non seulement très bien filmé, avec beaucoup d'archives où le réalisateur était lui-même quelqu'un de prolixe, mais aussi des extraits de ses films et Paranoia Agent, qui donnent envie de tout revoir.
Personnellement, je suis un grand fan de Satoshi Kon, en particulier Perfect Blue et Paranoia Agent, et revoir ce qu'il a fait, vaille que vaille malgré des succès limités mais une critique qui a toujours été derrière lui, force le respect sur un type qui n'aura jamais plié face aux desiderata du box-office. Quand bien même il avait un allié de poids en la personne de Masao Maruyama, qui se sera beaucoup battu à ses côtés. On sent que tous aimaient le réalisateur, l'artiste, même si entre les lignes, on comprend que l'homme devait être difficile.
D'où peut-être un des seuls reproches que je ferais à ce documentaire qui serait la quasi-absence d'archives sur la personnalité de Satoshi Kon, excepté quelques photos au début sur sa jeunesse, mais j'ai cru comprendre que le documentaire a été difficile à faire à cause de la veuve de Kon, qui a refusé d'être interviewée, ainsi que toute allusion à sa vie privée. Ce qui peut être dommage où, par exemple, la vie de Mamoru Osoda nourrit beaucoup ses films.
Mais ce qu'on voit (et entend parler par une animatrice) de son films inachevé, considéré comme plus familial, laisse quelque chose d'amer dans la bouche. Néanmoins, en dépit de cela, c'est un très beau documentaire sur un réalisateur qui n'a pas cessé d'influencer bien des réalisateurs contemporains, à l'instar d'un certain Christopher Nolan...