Will Ferrell, Dan Aykroyd, John Belushi, Chevy Chase, Billy Crystal, Adam Sandler, Jimmy Fallon, Tina Fey, Bill Hader, Norm Macdonald, Eddie Murphy, Bill Murray, Chris Parnell, Amy Poehler, Andy Samberg, Jason Sudeikis, Kristen Wiig, et un paquet d’autres…
Tous issus du Saturday Night Live, une institution de la télévision américaine qui perdure depuis bientôt quarante ans. Il aura fallu Jason Reitman, que je n’avais pas vu à la barre d’un film original depuis Up in the Air il y a quinze ans déjà, et une approche presque documentaire en immersion totale, pour que ce monument du petit écran débarque sur le grand.
Saturday Night s’apparente aisément à un making-of romancé. Celui d’une série qui, malgré des baisses d’audience au cours des décennies, continue d’appâter le chaland et de révéler des stars en devenir. Et si le succès a été phénoménal, Reitman a eu la bonne idée de nous montrer que ce n’était pas chose évidente. Un projet non-sensique à l’époque, destiné à échouer et validé pour des raisons de politique interne de la chaîne. Mais ce que n’avait pas prévu les costards de l’époque, c’est qu’il se tramait une invasion de la télévision américaine par la contre-culture. Un produit des enfants du petit écran qui s’emparent de celui-ci et savent parfaitement s’adresser aux spectateurs de leur génération.
Une histoire d’underdog, une success story comme Hollywood aime les faire, et qui aurait pu sombrer dans un académisme plan-plan. Mais non, Saturday Night déborde d’une énergie contagieuse. Les plans séquences s’enchaînent et nous font traverser les coulisses du pilote dans les heures qui précédent sa diffusion dans un joyeux bordel ambiant où s’entrechoquent les egos de jeunes artistes aux dents longues avec le vieux monde (infâme J.K. Simmons). On est dans du pur Nietzsche: "Il faut porter en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante". La frénésie dynamise le récit, et le spectateur est embarqué dans le tourbillon, incapable de s’arrêter pour rationaliser tout cela, certaines des sous-intrigues assez convenues étant vites balayés par la déferlante. Le film fonctionne à merveille alors qu’il cherche à nous immerger dans une époque, un système, et une poussée créatrice. Qui plus est lorsque les acteurs choisis pour représenter Belushi, Chevy Chase et autres Jim Henson (juste avant que n’arrivent Les Muppets) sont castés avec une ressemblance frappante.
Je n’attendais pas grand chose de ce film. SNL n’a pas en France l’aura qu’il a Outre-Atlantique, et la filmographie en dents de scie de Jason Reitman ne présageait rien de particulièrement savoureux. J’ai donc été d’autant plus surpris de me voir ainsi accroché, avec pour seule envie, une fois le générique final débuté, de lancer ce premier épisode dont on a vu les coulisses.