Saturday Night
6.3
Saturday Night

Film de Jason Reitman (2024)

Alors certes ce film retrace la première d’une émission phare (enfin ses coulisses en amont) qui fait davantage et presque exclusivement partie de la culture télévisuelle américaine, de la chaîne NBC en l’occurrence. « Saturday Night » risque donc forcément de moins parler aux spectateurs d’autres pays. Mais cette émission a tellement marqué ladite culture télévisuelle ainsi que l’humour et la comédie américaines dans leur ensemble qui, eux-mêmes, se sont exportés un peu partout que chacun connaît au moins forcément un sketch, un passage ou plus simplement un des comiques issus de ce show légendaire et révolutionnaire pour l’époque. On pense aux « pères fondateurs », présents dès le début comme on le voit dans le film, tels que James Belushi, Dan Aykroyd ou encore Chevy Chase mais aussi à Jim Carrey, Will Ferrell ou Kristen Wiig. De voir donc la manière dont ce show est né est à la fois instructif et amusant notamment vu la cacophonie qui a régné en amont. Et c’est ce que Jason Reitman se propose de faire : nous immerger, nous faire revivre cette heure et demie juste avant la première de ce show et en découvrir les coulisses entre patrons de la chaîne persuadés que ça allait être un bide, idées novatrices et osées pour la télé de l’époque, urgences techniques et joyeux bordel à tous les étages ou encore guerres d’égos et querelles entre différents protagonistes.


Si ce long-métrage est original et plutôt agréable (mais qu’il devrait davantage plaire au public américain malgré tout et encore plus aux afficionados de l’émission de l’époque), on est loin d’être subjugués ou vraiment en admiration comme on l’était avec les premiers films de Jason Reitman. Le fils d’Ivan Reitman (réalisateur culte de la saga « S.O.S. Fantômes dont il a mis en scène le reboot en 2021) nous avait étonné par un début de carrière tonitruant pour la critique et une partie du public (on est un peu plus mitigé quand bien même ces films étaient de qualité). De « Thank you for smoking » à « Juno » en passant par « Young Adult ») il avait impressionné beaucoup de monde. Mais depuis dix ans on ne peut pas dire que ses films soient de grandes réussites hormis le reboot des chasseurs de fantômes plutôt sympathique cité plus haut. Et sans être extraordinaire, on peut avancer qu’il y a un petit sursaut créatif ici tant le sujet est inattendu et bienvenu, presque s’apparentant à une prise de risque. Il y a juste une énorme incompréhension, une frustration même, vu le format en temps réel et l’unité de lieu : supposant le talent de Reitman on se demande pourquoi il n’a pas réalisé ce film en plan-séquence (vrai ou simulé) tant « Saturday Night » s’y prêtait comme rarement un autre sujet et concept.


Ceci mis de côté, le film parvient parfaitement à retranscrire l’effervescence de ce moment culte de télévision. Les séquences de préparation, les échanges ininterrompus entre les membres de l’équipe, les changements de pièce et les moments de crise s’enchaînent à un rythme effréné, presque étourdissant et il faut avouer que cela matche avec le tourbillon d’énergie et le joyeux bordel entourant cette première. « Saturday Night » n’est pas non plus avare en anecdotes et petits moments croustillants entre vie privée et potins que l’on suppose véridiques. Quant au casting, entre acteurs confirmés venus jouer les seconds rôles de luxe (Willem Dafoe et J.K. Simmons), des jeunes acteurs issus de séries télévisées (Rachel Sennott de « Stranger Things », Nicholas Braun de « Succession » ou encore Corey Michael Smith de « Gotham ») et les jeunes pousses du cinéma comme Dylan O’Brien (« Le Labyrinthe ») et Gabril LaBelle (« The Fabelmans ») qui mène la danse en producteur du show c’est une distribution royale et qui semble contente d’être là. Il y a des moments amusants, des moments presque angoissants pour cette équipe et d’autres touchants quand tout débute. Alors pourquoi on n’est pas aussi emballé malgré tout cela? Peut-être juste parce que tout cela manque d’un grain de folie sincère, de véritable profondeur et surtout d’une plus grande connaissance du show et de son histoire pour le public non-américain. Mais cela reste éminemment cool et peu commun.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 12 oct. 2024

Critique lue 626 fois

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Rémy Fiers

Écrit par

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