Sauvage est un film que l'on va voir en sachant qu'on va l'apprécier, et il a au moins l'honnêteté de ne pas décevoir les attentes que l'on plaçait en lui. Il appartient à la catégorie des films punks, suivant ces individus qui vivent au jour le jour, en capturant leurs petites énergies déployées pour canaliser leur quotidien de survie. S'éloignant du glamour, on baigne plutôt dans le trash avec les belles scènes des gentils clients qui recherchent de l'émotion ou des désirs que la vie leur refuse, et les scènes glauques avec les méchants clients qui méprisent ou qui blessent. Absolument rien de surprenant ni de particulièrement virtuose, mais des acteurs plutôt bien impliqués et une mise en scène naturaliste qui dépeint bien ses personnages, parvenant à capter facilement leurs émotions. Toutefois, le film ne prend pas de directions, il choisit de faire de son personnage un vagabond et une pute dans l'âme pour l'empêcher de se trouver une niche à sa mesure, et le faire donc interagir avec de nombreuses personnes, en multipliant ainsi les portraits. Le résultat est satisfaisant, sans se révéler particulièrement marquant. L'immersion dans le quotidien de la prostitution masculine est en tout cas réussie, plutôt rafraîchissante pour son réalisme (beaucoup de nationalités différentes s'y côtoient) et claire dans les différents personnages qui apparaissent. Dommage que le le film ne décolle jamais, mais au moins, on aura pris un peu d'humanité entre quelques situations triviales.