Diable, ce film a réussi l'exploit de me choquer. Qu'on s'entende bien, des scènes viscérales j'en ai avalées, des Pasolini qui nous montre des enfants manger du caca, des Adèles qui s'entortillent la foufoune pendant des plombes, des éjaculations en 3D; mais là c'est moins ce qu'on nous montre que la manière dont on nous le montre qui m'a révulsé. Je soupçonne ce réalisateur d'être un vampire qui se nourrit de la misère pour la jeter en pâture à un public toujours plus avide de nouveauté, de nouvelles sensations. Réalisme pour réalisme pourquoi s'arrêter là ? Le spectateur a le droit de voir, a besoin de voir les réalités les plus sordides, voyeuristes pervers qui cachent leur vice derrière une compassion bien pensante ! Pourquoi s'arrêter là donc ? Ne pas montrer le pianiste lui lacérer la chair ? ne pas voir un gros plan de l'anus perforé par un plug anal de la taille de la tour Eiffel ? ne pas voir le sperme gicler de sa bouche alors qu'on la lui rentre de force ? C'est la réalité nous avons le droit de voir ! J'en veux pour mon argent !
Et encore il ne se contente de jeter en pâture cette misère avec une conscience irréprochable, oh que je la hais cette bonne conscience avec leurs inévitables "Eh, Monsieur, un roman est un miroir qui se promène etc etc", "J'ai accompagné une association bénévole pendant plusieurs années etc etc", "Je n'ai ni voulu regarder de haut, ni de bas..." non ! Par son regard de vampire, il salit aussi ce qu'il y a de terriblement beau dans ses propres personnages. Quand le médecin interroge "le sauvage", et qu'il filme la poignante innocence de ce jeune homme qui se détruit:, ses sourires gênés, ses regards d'enfant vers le sol, l'indécence de ce plan m'a bouleversé. Des sentiments aussi précieux méritent un œil d'orfèvre. Etrange n'est ce pas ? Un sourire innocent filmé sans une once de pudeur me révolte (presque) plus qu'une scène de viol décrite avec la complaisance d'un lanceur d'alerte... Enfin, enfin, s'il faut choisir entre deux maux...
Ce film aura au moins le mérite de me faire avancer dans une cinéphilie qui par ailleurs n'intéresse que mon chat, jusqu'à qu'il me dise le contraire. Sauvage est mon cas limite.