Sortir du trou.
Sauvages. Je me suis dépêchée d'aller le voir, car voilà encore un film mal distribué. Un couple qui vit au coeur d'une forêt des Pyrénées. Elle, reste la plupart du temps enfermée dans leur abri...
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le 8 avr. 2016
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Un trou tel une blessure dans laquelle on se terre pour en vivre l'intensité, un enfermement volontaire qui devient une prison, des réactions animales, un paysage brutal pour un film âpre, rugueux, pas aimable, telle est l'équation de Sauvages (Couple in a hole), le singulier premier long métrage de Tom Geens.
On devine bien vite le drame qui a littéralement plongé ce couple d'Écossais dans une grotte des Pyrénées. On en mesure la teneur avant même qu'elle nous soit révélée, la profondeur de la blessure, tant la volonté de se couper du monde est radicale, brutale, violente même dans le rejet des autres et de l'aide qu'ils pourraient apporter.
C'est l'histoire de deux couples qui s'évitent, se contournent et s'affrontent, Kate et John, André et Céline (les fermiers voisins), les deux hommes se rapprochant, les deux femmes se rejetant. L'automne est installé, l'hiver arrive, la situation ne sera bientôt plus tenable.
Les sentiments sont exacerbés, les réactions irraisonnées, le final semblant too much (voire ridicule) pour certains alors qu'il n'est que la conclusion logique de la tragédie à ciel ouvert qu'on nous raconte. Si la volonté du film est de confronter ses personnages à leur part animale, la nature sociale de l'Homme revient nécessairement à la surface, le principe de réalité ne se trouvant finalement pas au cœur de la forêt.
La caméra ne magnifie pas une nature sublime mais peu hospitalière. Elle capte l'humidité des sous-bois, le difficile apprentissage des corps à la vie rude, la saleté, la ruine. La musique de Beak> accompagne le film tout en s'en détachant, parvenant à en illustrer le constant déséquilibre.
De presque tous les plans, Paul Higgins incarne avec force le personnage le plus complexe. On est heureux de retrouver à ses côtés l'excellente Kate Dickie découverte dans le sublime Red Road d'Andrea Arnold.
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le 26 avr. 2016
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