The Benicio Del Toro & John Travolta Show
S’il y a des réalisateurs protégés par la critique, d’autres ont été élevés au rang de génie avant de se faire trainer, sans vraie raison, dans la boue. Le trublion Oliver Stone fait partie de cette caste.
Sa dernière réalisation, Savages, a recueilli encore beaucoup d’avis négatifs. Ce thriller très sec, parfois ultra violent, à la limite du soutenable, parfois très drôle, est pourtant un film sans prétention et plutôt réussi. Le scénario tient la route, avec ses multiples embranchements et entourloupes entre personnages. C’est cependant dommage qu’il ne nous offre pas plus de scènes avec le trio Del Toro – Bichir – Jaramillo, badass à souhait. Son autre petit défaut est de ne pas approfondir les relations du trio principal, surtout quand Salma Hayek remet en cause le ménage à trois perpétuel qu’ils ont mis en place, piste sans suite. En revanche, la mise en scène de Stone est sans faille, utilisant encore comme il l’apprécie différents types d’images, comme le numérique et le 8 mm dans une même scène, sans trop en abuser heureusement, juste comme il faut.
Mais sa principale réussite vient du casting, absolument parfait de bout en bout, avec des Emile Hirsch, Shea Wigham ou Joel David Moore en petits rôles remarqué, un trio principal pas mal du tout, une méchante très réussie (Salma Hayek est impressionnante), deux businessmen inquiétants et en même temps intéressants (Demian Bichir qui prouve ici que c’est un excellent acteur trop peu connu et Antonio Jaramillo qui ne va sans doute pas tarder à percer) mais surtout deux cabotins géniaux, qui n’hésitent pas à en rajouter des tonnes et des tonnes sans jamais être énervants, qui savent pousser des gueulantes tout en étant terriblement divertissants, deux grands acteurs qui n’ont rien à envier au roi du genre, Nicolas Cage : Benicio Del Toro dans un rôle fabuleux, qu’il habite véritablement, avec un accent exagéré à fond mais très drôle et John Travolta, magistralement excité, qui se la joue parrain mais qui n’hésite jamais à monter dans les aigus les plus insoupçonnés et ce, de manière particulièrement jouissive. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant si la meilleure scène du film est de très loin la scène qu’ils partagent, dans le troisième acte. Quant à la bande-son, comme d’habitude chez Stone, on oscille entre le génial et le moins bon, mais toujours adapté et adéquat au film.
Savages comblera les fans de Travolta, de Del Toro, ceux qui cherchaient un thriller violent, d’autres qui cherchaient une comédie noire et surtout les cinéphiles en quête de sensations et d’originalité. Une bien bonne réussite.