Avec un concept aguicheur et une écriture maîtrisée, Saw est devenu le chouchou des producteurs. La machine à fric qui allait attirer des millions de spectateurs tout les ans avec un nouveau volet encore plus gore les uns que les autres.
Saw 2 est le premier de la saga qui entre véritablement dans la catégorie du torture porn. J'ai toujours considéré le premier Saw comme un véritable thriller à penchant horrifique, mais qui ne tombait jamais dans le piège de la violence facile. La violence chez James Wan servait le propos et n'était jamais trop appuyée. C'est ça qui fait la réussite de Saw, c'est ce juste dosage qui rend le film prenant, tout en offrant un suspens incroyable jusqu'à une conclusion épique et inattendue, mais pas moins cohérente et bien amenée.
Ce qui n'est pas le cas de Saw 2. Et encore, je trouve que c'est la suite qui s'en sort le mieux pour une raison toute conne, Leigh Wannel est encore à l'écriture. Alors oui, le premier était écrit par Wannel et Wan, ça se sent, on est quand même pas face au scénario de l'année, mais on peut lui reconnaître de nombreuses qualités. Mais en ce qui concerne la mise en scène, c'est une catastrophe.
Donc premièrement, penchons-nous sur le scénario. Alors que dans le premier Saw, la narration jouait avec les flash-back, ici, le récit est linéaire, ce n'est pas une mauvaise chose, c'est un choix. Donc nous commençons avec un piège gore qui aura pour utilité d'introduire le personnage d'Eric Matthiews, un flic un peu ripoux qui s'engueule très fort avec son fils parce qu'il a trompé sa mère avec sa collègue (de ce que j'ai deviné, c'est jamais évoqué de manière explicite, mais on le comprend). En remontant la piste, les flics réussissent à s'introduire dans la planque de Jigsaw et le trouvent à l'intérieur. Mais il est trop tard car celui-ci les attendait et avait dors et déjà lancé un jeu. Des ressortissants de prisons ainsi que le fils d'Eric se retrouvent donc dans une maison close où émane un gaz toxique et où quelques antidotes sont dissimulés.
Et l'idée est excellente, elle reprend le concept du premier tout en y apportant plusieurs subtilités. Les flics jouent un rôle direct dans le jeu, Jigsaw y est présent et semble tirer les ficelles, et les énigmes au sein du jeu sont plutôt bien trouvées. Le film nous permet d'en connaître davantage sur Jigsaw, chose qui était laissée de côté dans le premier film pour s'attarder davantage sur les victimes. Ici, c'est Jigsaw la vedette, celui qui expose ses théories, son intelligence, et on est dans la continuité du premier. Bon, le réel soucis que j'ai avec le scénario, c'est tout ce qui concerne les flics. Ce sont des flics, et ils n'en branlent pas une. Ils sont là à regarder le jeu se dérouler, disent qu'il faut agir, mais à aucun moment ils n'agissent, on a l'impression que Wannel n'a aucune idée de comment se servir de ces personnages. Et concrètement... ils servent à rien, surtout que quand ils commencent à mettre des stratégies en place, ça s'avère être de la grosse merde, du genre, déchirer les plans de Jigsaw devant ses yeux (oulalah, ça fait flic énervé et dangereux, mais c'est surtout ridicule).
Pourtant, il y en a des bonnes idées dans le scénario, notamment vers la fin où les victimes de Jigsaw se révèlent avoir un point en commun beaucoup plus complexe que d'être simplement allés en prison. La révélation finale est plutôt bien amenée et on ressort du film en se disant que le plan de Jigsaw était rudement bien menée et finalement assez ingénieux.
Sauf que de bonnes idées, ça fait pas forcément un bon film. Mon soucis avec ce Saw 2, c'est la mise en application de ces idées pourtant si bonnes. Parce que la mise en scène ne suit pas derrière ,et ce pour une raison majeure, à savoir le montage. Mon dieu que c'est mal branlé, mal filmé, mal monté. Le montage essaye de reprendre un peu le style du premier avec un côté psychédélique où la caméra part dans tout les sens avec des accélérés extrêmement brusques couplés à des gros plans succins et parfois assez violents. Sauf que dans le premier, c'était bien cadré. Là c'est juste brouillon et ces moments de montage psychédéliques sont beaucoup trop fréquents pour être efficaces. A côté de ça, le film est truffé de jump-scare qui n'ont pas lieux d'être. A un moment, les gens parlent, et d'un coup, BAM, gros BOUM dans la bande sonore et t'as un mec qui apparaît brusquement dans le plan avec un mouvement de caméra brusque, un gars tout gentil qui, avec des gestes très lents dit juste « on a trouvé une porte ».
C'est un exemple de la mise en scène complètement hasardeuse et terriblement mauvaise de cet épisode. N'est pas James Wan qui veut, et visiblement Darrenn Lynn Bousman, le réalisateur, ne sait pas offrir une mise en scène de tension et de suspens. Alors, des fois, il y a de bonnes idées, mais le film veut toujours en mettre plein la vue et va toujours dans la surenchère qu'il s'avère plus ridicule qu'autre chose.
A côté de ça, les acteurs cabotinent pas mal surtout celui qui interprète Eric Matthews avec... très peu de subtilité (oulalah, je suis pas content, mon fils va p'têt mourir et c'est ma faute). Heureusement que Tobin Bell est là pour offrir un Jigsaw convaincant, machiavélique, méthodique et même marquant.
Donc voilà, Saw 2, c'est plein de bonnes idées, un scénario franchement pas mauvais avec un super méchant, mais qui souffre d'une mise en scène mauvaise au possible et d'acteurs vraiment pas convaincants. Et dire que le pire est à venir.