Durant le tournage de SAW IV, les scénaristes Patrick Melton et Marcus Dunstan écrivent les scripts d’un cinquième et d’un sixième opus. Les trames narratives seront donc toutes similaires, avec un rythme ralenti par tous les flashbacks qui, cette fois, explorent la relation intéressante entre John Kramer et Mark Hoffman.
Darren Lynn Bousman, réalisateur des deuxième, troisième et quatrième épisode, avait déclaré qu'il ne souhaitait pas réaliser de cinquième opus. C'est David Hackl (chef décorateur de la saga) qui est chargé de la mise en scène. Hackl s’en sort assez bien considérant qu’il s’agit de son premier long-métrage au siège du réalisateur. L’homme ne réinvente rien, mais il met bien en scène les pièges, comme celui du pendule, et on sent qu’il est à l’aise avec la série.
SAW V sort pour Halloween 2008 et on sait déjà qu’un sixième opus sortira l’année suivante.
Revenons à ce scénario qui étire encore un peu les éléments laissés en suspense dans les opus précédents. Saluons d'ailleurs cet ingénieux aspect marketing puisque chaque film prend soin d'ouvrir des portes, en les enfonçant, que le fan que je suis piaffera d'impatience de voir élucidées dans le prochain épisode. Pour comprendre SAW IV, il faut aller voir ce film. Mais pour piger ce film, il faut préalablement s'être farci l’intégrale de la saga. Il faudra aussi accessoirement aller voir le prochain opus, qui nécessitera les mêmes démarches, en plus de s'être préparé à un septième épisode. Impossible de passer outre cette démarche parfaitement hypocrite qui mène le fan par le bout du nez. Une démarche de télévision, qui n'a vraiment rien à voir avec le cinéma, nécessitant une fidélisation, proposant chaque année un épisode comme on appâte un animal en posant des petits bouts de nourriture sur le sol en file indienne. Fatalité, en tant que film à part entière, ce film ne vaut bien évidemment pas grand chose.
Le « jeu » principal, même si il comporte beaucoup de pièges divertissants, est surtout là en trame de fond et n’a pas vraiment de lien avec le tueur au puzzle, comme à l’habitude. On ne peut aucunement s’attacher à Greg Byrk, Julie Benz, Meagan Good, Carlo Rota ou Laura Gordon, qui ne sont que de la chair à canon. Ici, le « jeu » sert surtout à transposer les soupçons sur l’identité du complice du tueur au puzzle vers l’agent spécial Strahm.
Comme dit plus haut, les pièges sont divertissants, et d’ailleurs, le grand piège final a été conçu par un jeune garçon, qui avait seulement sept ans quand il l'a dessiné. C’est nul autre que Sean Hackl, le fils du réalisateur David Hackl.
On sait que Mark Hoffman est le successeur de Jigsaw depuis l’épisode précédent. Ce film sert à développer un peu plus ses motivations et ses compétences. Néanmoins, il n’offre pas le même charisme ni cet aspect effrayant que John Kramer. L’origine de son basculement est simpliste et il se retrouve vite endoctriné, trop facilement que ça manque de crédibilité (là où pour Amanda Young, son mental fragile l’expliquait mieux). Puis il n’a pas la même personnalité, cherchant plus la gloire, le flic qui sauve les gens, plutôt qu’à celui qui offre une chance aux gens d’apprécier la vie. Il est alors traqué par l’agent spécial Strahm. Survivant d’un piège, il est persuadé que Mark Hoffman est le complice. Costas Mandylor et Scott Patterson nous livre une bonne opposition à distance avant de se retrouver face à face dans le grand test finale.
Les flashbacks valent le détour non par leur mise en scène, mais pour leur réelle utilité scénaristique. Et puis, on a le plaisir de revoir Tobin Bell dans les flashbacks. On découvre ainsi les coulisses des pièges des précédents films, en particulier du deuxième, et on a donc le plaisir de revoir certaines têtes.
Au final, SAW V n’apporte pas grand chose de nouveau à la série sauf une explication sur pourquoi Mark Hoffman s’est joint à John Kramer et un peu plus de mystère autour de Jill Tuck. On conclut assez bien quelques intrigues introduites dans les derniers volets, tout en y ajoutant un peu de suspense pour la suite, mais le dénouement n’est pas aussi surprenant que ce à quoi on a été habitués.