Là où les épisodes IV et V de cette interminable saga partaient dans tous les sens, avec des tas de personnages inutiles voire parfois d'intrigues inutiles (c.f. l’entièreté de l'épisode V), ce sixième chapitre semble vouloir se recentrer, arrêter de se disperser pour se focaliser sur le jeu et l'héritage de Jigsaw. On est sur un film droit, direct, qui tient un propos et qui va jusqu'au bout, et qui développe des personnages pour les rendre plus intéressants.
Les personnages d'Hoffman et Tuck, qui étaient jusque là anecdotiques (on ne comprenait pas réellement les objectifs qui les animaient, et même en saisissant leurs rôles, aucun film jusque là ne les rendait réellement interessant avec un caractère et des volontés) ont vraiment le temps de se développer dans ce film qui se concentre véritablement sur eux, plutôt que de passer son temps à faire des retours en arrière pour expliquer des événements qui n'avaient pas besoin d'explications. A vrai dire, il s'agit plus d'Hoffman que de Tuck, le premier est véritablement au centre de ce film, alors que la seconde plane au dessus des événements, prête à attaquer quand ce sera nécessaire. On montre un Hoffman déterminé, froid et calculateur, qui veut sincèrement continuer l'oeuvre de Jigsaw (là où les précédents films le présentaient comme l'homme à tout faire de Kramer qui faisait simplement ce qu'on lui disait). La scène finale montre d'ailleurs qu'il a compris l'oeuvre et le message de Jigsaw, qu'il l'applique, et qu'il est prêt à reprendre le flambeau. Le personnage de Jill Tuck est plus énigmatique, elle a été présenté il y a déjà plusieurs films, et prend peu à peu de l'importance même si elle est encore un peu floue, on comprend implicitement qu'elle veut elle aussi continuer l'oeuvre de Jigsaw, et qu'elle est tout autant déterminée qu'Hoffman.
Néanmoins, ce que fait Tuck a la toute fin est un peu étrange. Elle semble donc suivre le plan de Jigsaw, mais ce plan consistait à tuer Hoffman ? Le fait est qu'il n'y a pas eu de mise à l'épreuve, vu la disposition de la scène, Hoffman n'était pas sensé s'en sortir, ce qui est un peu illogique, il y aurait dû y avoir une mise à l'épreuve. Ce choix de fin laisse un peu dépité, mais des réponses seront sûrement apportées ensuite.
C'est donc un film qui réussit assez correctement ses personnages, même la victime du jeu, l'assureur, est interessant avec cette politique d'assurance qui entre parfaitement dans l'esprit de la saga et qui en fait une victime idéale. C'est d'autant plus interessant de faire le jeu avec cette victime après la mort de Jigsaw, pour qu'il comprenne que les morts qu'il a sur la conscience ont un impact et un poids qui subsiste.
L'intrigue du film est, comme dit plus haut, plus directe, plus simple à suivre et concentrée sur le jeu. C'est assez interessant pour la saga de revenir à des intrigues plus simple : une victime, une série de jeu pour lui apprendre la valeur de la vie, une personne derrière tout ça, et c'est tout. Il y a quand même une sous-intrigue, les enquêteurs découvrent de plus en plus d'indices qui les rapprochent d'Hoffman, néanmoins, ça ne casse pas le rythme comme on pouvait le constater dans les épisodes précédents. Tout s'enchaîne convenablement et de manière cohérente. C'est peut être dû au nouveau changement de réalisateur (le quatrième pour la saga). Le problème que ça peut soulever et que, si la saga devient plus simple (moins de retournement de situations, moins d'explications tarabiscotées) elle en deviendra peut être inéluctablement plus idiote. Cet épisode est sans doute le plus gore de la saga jusque maintenant, tout y est absolument grotesque et avec une ampleur ridiculement importante. Il serait dommage que la saga tombe dans une parodie d'elle même, à ne plus se définir que par ses pièges immenses et son gore omniprésent (ce qui est en quelque sorte déjà le cas avec cet épisode...)
Pour le reste, en terme de mise en scène, on ne change pas une formule qui marche, puisque c'est toujours plus ou moins pareil. Même si le montage semble un peu plus calme ici, ça revient toujours au même formules que dans les précédents. On assiste cependant à des scène de tortures de plus en plus longues et difficile à supporter, une volonté de faire du grand spectacle bien entendu. Du coup, un peu le même problème que le précédent, ça cherche à faire toujours plus, du grand spectacle, et peu à peu l'intrigue est mise de côté.
En conclusion, le fait que ce film soit plus simple et direct que les autres est autant une bonne qu'une mauvaise chose. Une bonne car ça permet de se recentrer sur ce qui est important sans se disperser, et laisser plus de place aux personnages ; une mauvaise car ce qu'on perd en intelligence d'écriture, on le gagne en grand spectacle pour impressionner la galerie. C'est donc un épisode un peu plus interessant que le précédent (dans le sens ou celui-ci à au moins le mérite d'être utile et de raconter quelque chose) mais on est définitivement à des années lumières des premiers épisodes...