Je pourrais lui mettre n'importe quelle note de 5 à 10 selon mes largesses pour sa contemplation poétique. Je ne doute pas que je pourrais le voir et le revoir et découvrir un peu plus à chaque fois sa beauté. C'est un film très différent mais aussi clairement dans la catégorie "Le miroir".
Visuellement, le film baigne dans une myriade de nuances d'ocres pastels et de couleurs vives. C'est magnifique. La composition des plans, tous fixes, est de loin le plus important. Les costumes, le monastère et sa pierre caractéristique, les tapis, les chèvres, les dentelles, les gros plans éthérés et stoïques, les mouvements minimaux, les grands-mères, les fruits qu'on écrase, la simple beauté renouvelée de chaque image, tiennent de l'œuvre éternelle et intemporelle, mais aussi du défilé d'images pieuses, de religiosité appuyée, de vie quotidienne et de rites traditionnels baignés dans un symbolisme fantastique qui flatte l'esprit et la rétine.
Les 1h15 passent relativement vite, c'est un ovni. La dimension mystique de cette représentation "happening" de poèmes mis en images emprunte aussi bien à la danse contemporaine minimale qu'au théâtre Nô et sa résonance avec la terre et l'au delà est indéniable.
Mais je ne peux m'empêcher de resituer cette œuvre magistralement esthétique vers une remarque ô combien insultante des plus terre à terre : c'est chiant.