Notamment ébranlé par l'Affaire Weinstein, Hollywood commence à s'intéresser de très près aux autres scandales sexuels et se penche ainsi sur l'Affaire Roger Ailes, président de la célèbre chaine TV Fox News, qui fut accusé en 2016 de harcèlement sexuel et de manières douteuses au sein de sa propre chaine et qui en démissionna suite à cela. Un projet alléchant mis en scène par l'ex-réalisateur de comédies Jay Roach, devenu depuis le téléfilm Game Change en 2012 un spécialiste des affaires politiques sur grand écran.
Mené par Charlize Theron encore une fois transformée sous une épaisse couche de maquillages spéciaux mais toujours aussi électrique, Nicole Kidman elle aussi métamorphosée de la même manière et incroyablement bluffante (l'un de ses meilleurs rôles) et l'omniprésente Margot Robbie, ce trio de blondes va s'attaquer à leur patron, le colérique et despotique Roger Ailes (impressionnant John Lithgow). À la manière de The Social Network, le long-métrage opte pour une mise en scène véloce, avec beaucoup de dialogues spécifiques et un montage pour le moins haché. Mais n'est pas Fincher qui veut et le résultat final n'arrive jamais à rester captivant.
L'excellente interprétation et la dynamique souhaitée ne suffisent donc hélas pas pour nous entraîner dans une spirale incisive. Sans réelle identité visuelle, Scandale ne marque pas, n'arrive jamais à nous faire sentir au bord du malaise ou à instaurer une tension concrète. Comme face à une longue introduction dont le dénouement s'avère presque précipité, nous assistons à une œuvre réussie mais pas impérissable à laquelle il manque peut-être un réel savoir-faire pour rendre le tout passionnant au lieu d'être satisfaisant. Saluons toutefois encore la performance hallucinante de ses interprètes, portant le film sur leurs épaules sans tomber dans le pathos ou le féminisme au forceps.