Un grand Sirk, entre légéreté et gravité

Avant de devenir le chef de la brigade de sûreté de Paris, Eugène-François Vidocq a connu une vie particulièrement trépidante. Il la raconte en voix off dans cette version cinématographique hautement fantaisiste de la vie du célèbre aventurier dont les Mémoires ont notamment fourni le sujet d’un fameux feuilleton de la télévision française dans les années 60 et 70. Longtemps inédit en DVD, sinon dans une copie à peine regardable, ce film singulier de Douglas Sirk fait l’objet fin 2017 d’une édition française un peu plus correcte qui permet d’apprécier à sa juste valeur ce petit bijou de poésie et d'humour, porté par la prestation inspirée de George Sanders et un scénario qui mêle légèreté et gravité dans un festival de répliques affûtées et de situations rocambolesques. Si la première moitié du film se présente comme un récit picaresque plein d’ironie, plus proche de l’esprit d’un Sacha Guitry que du classique biopic hollywoodien, la seconde partie prend une tonalité plus grave, voire franchement tragique.

tout droit sorti d’un film de Cocteau, sont quelques moments d’une grande puissance dramatique qui témoignent des talents de mise en scène de Sirk, entre expressionnisme et réalisme poétique.