Margot,fille illégitime d'un richissime homme d'affaires,revient dans sa bonne ville de Parme,qu'elle a quittée depuis longtemps,afin de se venger des notables qui l'ont violée lorsqu'elle était enfant. Une vraie curiosité que ce film italien totalement confidentiel,qui présente la particularité de compter parmi ses acteurs principaux trois figures connues du cinéma français,entourées de comédiens italiens inconnus.Cet objet bizarroïde porte la marque de son réalisateur-scénariste Alberto Bevilacqua.Ce nom est aussi celui du chanteur Christophe,né Daniel Bevilacqua,qui en parle d'ailleurs dans sa chanson "Le dernier des Bevilacqua",sans que les deux hommes n'aient semble-t-il de lien de parenté.Alberto,décédé en 2013,était surtout un écrivain,et il n'a tourné que sept films en 29 ans,le plus connu étant le premier,"La Califfa",tiré d'un de ses romans.Ce mélange de brûlot socio-politique et d'érotisme,interprété par Romy Schneider et Ugo Tognazzi,était déjà des plus étranges et définissait d'entrée le style unique du cinéaste."Scandalous crimes",qui sera sa dernière réalisation,survient tardivement dans sa carrière,douze ans après son film précédent.On constate d'emblée dans ce faux thriller bien barré que le gars n'a pas changé.Son scénario,adapté d'un opéra qu'il a écrit,lambine horriblement et déroule une histoire confuse digne d'un vieux mélo de derrière les fagots,avec patron qui engrosse une domestique,jeune fille salement maltraitée,passions impossibles,vengeance froide et crime mystérieux.Les dialogues,grandiloquents,verbeux et intellectualisants,envahissent l'oeuvre sans aider à comprendre parfaitement les buts et les agissements fumeux de personnages torturés.La théâtralité de la mise en scène et du jeu des acteurs,ainsi que l'utilisation de musique classique et de décors anciens et luxueux,rappellent sans cesse que tout ceci provient d'un opéra.Sur le fond,Bevilacqua,gauchiste bon teint,dresse un portrait au vitriol de la bonne société,ramassis d'escrocs,d'hypocrites,de lâches,de criminels et, naturellement,d'obsédés sexuels.Car l'auteur est un sacré coquinou et l'ensemble baigne dans un érotisme torride via le personnage de Margot,créature hypersexuée dont le corps est l'arme fatale de sa revanche.Il faut ici saluer la performance de Natacha Amal.On n'attendait pas la très stricte juge Brochène de la série "Femmes de loi" à pareille fête.Bevilacqua s'ingénie à filmer sa sculpturale actrice dans le plus simple appareil et sous toutes les coutures,Natacha passant plus de temps dénudée qu'habillée.Et lorsqu'elle est vêtue,c'est de façon si suggestive qu'elle est tout aussi agréable à contempler.En outre,elle se livre à fond et participe à des scènes certes soft mais bien gratinées quand même.Son interprétation de cette héroïne chaude comme un four à pizzas réchauffe singulièrement l'atmosphère,et elle se paie le luxe d'effectuer un excellent travail de comédienne.A ses côtés,le vieux Robert Hossein,en juge intègre amoureux éconduit de Margot,fait valoir son impeccable technique et s'impose tranquillement.Brontis Jodorowsky,le fils d'Alejandro,est lui assez mauvais dans le rôle quasiment inutile d'un journaliste pédé.En conclusion,Bevilacqua nous gratifie d'un objet baroque mêlant de manière hasardeuse mélo paroxystique,thriller dégénéré,avec quand même un twist surprenant à la fin,critique sociale peu nuancée,érotisme exacerbé et atmosphère d'opéra à l'esthétique un peu vaine.