Scaramouche, c'est avant tout le plus beau duel d'escrime de l'histoire du cinéma (même si ceux de Jean Marais ne sont pas mal non plus), et surtout le plus long, une séquence presque de 7 mn qui oppose Stewart Granger à Mel Ferrer et leur fait traverser tous les lieux d'un théâtre, un inoubliable morceau de bravoure aussi spectaculaire qu'impitoyable, et merveilleusement bien filmé, le genre de scène que j'adore me repasser en DVD. Mais on aurait tort de réduire le film à cette séquence exceptionnelle, l'une des plus exaltantes de l'histoire du film de cape et d'épée. Scaramouche reste aussi un vrai chef-d'oeuvre du vieil Hollywood.
Réalisateur d'une version fabuleuse des Trois mousquetaires en 1948, George Sidney joue ici sur les tons chatoyants du Technicolor des années 50, utilise à merveille les ressources des directeurs artistiques de la MGM, et donne au roman de Rafael Sabatini une nouvelle jeunesse, en balayant la plupart de ses péripéties et en créant une intrigue tout à fait nouvelle. Janet Leigh y est plus belle que jamais, Eleanor Parker y est ensorcelante, Mel Ferrer y personnifie un noble hautain et enrubanné de belles manières d'une façon raffinée, tandis que Stewart Granger très fringant, qui était dans sa grande période MGM, y trouve un de ses plus beaux rôles, plein de panache.
Ce véritable joyau qui témoigne encore d'un savoir faire très hollywoodien, mêle avec bonheur aventure, charme et romanesque, peu de films de cape et d'épée atteignent une telle perfection.