Recréé par le Hollywood des années cinquante, le Paris prérévolutionnaire déconcertera les historiens. Tout y est propre, coloré, ripoliné. Les Français sont élégants, beaux et passionnés de politique. Marie-Antoinette s’est amourachée du beau Mel Ferrer, un aristocrate duelliste, cynique et hautain, qui s’emploie à exécuter quiconque aurait le malheur de lui déplaire, à commencer par les leaders du tiers état.
Scaramouche est un personnage de la comedia dell’arte, un arlequin agressif et pleutre. Le film ne lui rend pas hommage. La réalisation est d’un classicisme absolu et Stewart Granger d’un sérieux abyssal, avec un bémol sur les séquences de pantomime. Objectivement, le duo des seconds rôles écrase les têtes d’affiche. Ancien danseur, Mel est un escrimeur bien plus convainquant que le lourdaud Stewart.
Georges Sidney peine à nous faire croire à son récit, une sombre histoire de vengeance. Il recycle des cascades de Zorro, des souvenirs des Trois mousquetaires et du Capitaine Fracasse, un secret de famille et un triangle amoureux. Le bellâtre Steward aime la blonde (Janet Leigh) et la rousse (Eleanor Parker), qui le lui rendent bien. La volcanique rousse est comédienne, la blonde est noble et richissime. Un choix cornélien ! Il choisira la blonde.
Sur le duel, je recommande Les Duellistes, tout aussi américain, mais réussi.