Pas la peine d'en faire une histoire ...

Enfer et damnation, je me suis fais eu ! Des années que je ne m'étais pas fait surprendre par la fin d'un film ! De mémoire, la dernière fois c'était il y'a peut être 8 ans, avec violent cop de Takeshi Kitano (excellent premier film dont je devrais faire un article). Et bien le monde est vraiment petit car, comble du hasard, ces deux films n'ont strictement rien en commun. C'est sûrement pour ça que je me suis fait roulé dans la farine, je ne m'attendais à rien dans les deux cas.

Haaaa, derrière toi, c'est horrible !!

Le film débute dans un vestiaire de fille, avec une voix OFF narrant l'histoire d'une lycéenne morte qui hante les couloirs de l'école. Petit jeu de surprise entre deux copines, et une jeune fille tache son joli chemisier. Elle n'a d'autre choix que de l'enlever pour aller le nettoyer dans le lavabo ... mais il y'a quelque chose ici, ou quelqu'un, qui l'observe et s'approche.
Quelques instants plus tard, on retrouve une classe complète en partance pour un voyage scolaire. Il pleut à torrent, et l'entrée dans la forêt toute proche est interdite à la petite troupe. Mais le garde forestier à l'air bien louche, il semble cacher quelque chose au sujet de cette forêt.
Obligée de faire halte, la classe décide de passer outre l'interdiction du garde. Tout le monde n'est pas d'accord, mais ils vont finir par tous y aller (heureusement, sinon le film se serait arrêté là), accompagnée par un villageois qui veut y faire un tour aussi. Mais une fois sur les lieux, un pont des esprits (une espèce d'autel pour payer son respect aux âmes défuntes) attire l'attention d'une lycéenne superstitieuse. Tout le monde se fout de sa gueule, personne ne veut rendre hommage aux esprits et le car continue sa route. Seulement, forêt touffue oblige, la route n'est pas des plus sûres, et lors d'un passage sur un pont en bois vétuste, l'accident arrive ...
Perdu dans la forêt, ne sachant quoi faire, les élèves vont vite se retrouver face à une menace décimant la petite troupe lentement, mais sûrement ...

Attention, sur ton cou, y'a un monstre horrible ... ha bha non, c'est ta tête.

Autant clarifier certains points. Inutile de chercher son rouleau de sopalin. Les jupes des lycéennes sont plutôt courtes, les chemisiers blancs, très près du corps, sont plus que transparents si on les mouille un peu, les visages appellent aux fantasmes les plus éculés des écolières cochonnes mais rien, mais alors RIEN DU TOUT ne permettra d'étrangler le borgne. J'ai cherché pourtant. Je me suis mis sous l'écran pour voir les petites culottes, j'ai retourné le moniteur pour faire tomber les vêtements, mais làs, absolument aucun téton ou bout de fesse à se mettre sous la dent. Un film absolument pas raccoleur, ça me paraissait quand même étrange ...


Cinéma thaïlandais équivaut, du point de vue de ma maigre culture, à un sens de l'image très élaboré/soigné. Grosse déception de ce coté ci, l'image est plutôt quelconque. Enfin pour être précis, elle est amatrice dans ses plans (comme si c'était filmé avec une caméra de poche) mais pro dans son approche (paradoxalement c'est l'effet amateur qui est recherché). Cette façon de filmer laisse perplexe car je ne savais pas vraiment si je mattais une série Z produite avec trois francs six sous ou un film de genre qiu cherchait un provoquer un effet particulier.


Là n'est pas le seul point qui m'a laissé dubitatif durant tout le film. Les scènes gores (car oui il y'a de la violence, sinon je n'en parlerais pas ici) sont plus qu'étranges. D'un coté il y'a une certaine inventivité dans les mises à mort abruptes, de l'autre je ne comprenais pas vraiment pourquoi la surenchère visuelle n'était pas montré mais suggérée.



Pour donner un exemple, un des élèves va se faire transpercer la tête par un bambou. Dans ce cas, soit le réal' montre l'action entièrement (le bambou s'enfonçant dans la tête, le sang giclant en gros plan, des morceaux de cervelle éclaboussant les proches) soit il ne fait que suggérer l'action (il tourne la caméra à coté, jette un peu de sang sur le camarade à coté et finit à la rigueur avec un plan sobre sur le cadavre).



Et bien là, c'est une toute autre méthode qui est utilisée: le réal' suggère l'éclatement de cervelle par le bambou traversant la tête du bonhomme en ne montrant qu'un petit bout de la scène, de façon décalée, en filmant le bas du visage. Mais ce n'est pas tout. Il laisse passer un flash d'une demie-seconde avec une gerbe de sang arrosant à foison en gros plan, et finit avec un plan comique, de dos, montrant l'énorme trou dans la tête de l'élève, mais de façon trop proche pour que ce soit réellement gore. Cet exemple est valable pour toutes les mises à mort, à chaque fois je me demandais ce que le film était: un truc ultra gore et donc à prendre au second degré, ou un film sérieux qui cherche à faire peur/dégouter.


Dernier point, et non des moindres: les acteurs. D'accord, ils sont tous (censés être) jeunes, mais leurs interprétations sont ... étranges. Ils peuvent être parfaitement crédibles dans certaines scènes, et complètement hallucinants dans d'autres. Il y'a une surenchère de cris, façon scream movie (pas la merde de wes craven hein, les films où les héroïnes hurlent parce que terrifiées devant l'horreur des situations), mais il y'a une surenchère de ridicule avec des scènes de bataille de chips ou de changement de tampon (comme dans un film comico-horrifique qui détend l'atmosphère). Encore une fois, j'étais partagé: je suis devant un film avec une ambiance qui doit me faire peur ou je suis devant un film avec du second degré qui doit me faire rire ?

Pour illustrer ma réaction pendant toute la durée du film, je me propose (j'impose en fait) de regarder ce vieux clip remixé de bonnie tyler: total eclipse of the heart.



http://www.youtube.com/watch?v=fsgWUq0fdKk




En gros, le film est tout aussi abscons que le clip de base. Point rigolo, si je montre ce clip c'est parce que dans le film, le réal' use et abuse d'un des effets utilisés: les fumigènes avec des projecteurs derrière (montrant un envol de pigeons ou autre chose).


Two minutes to midnight ...


Que vient faire Iron Maiden dans mes sous titres ? Et bien, alors que j'étais justement en pleine réflexion, perdu avec un "what the fuck am i watching ?" tournant en boucle dans mes pensées, que le voile de la vérité se déchira comme un hymen trop frêle devant l'empressement d'un damoiseau aux couilles bleues.
Exactement à deux minutes de la fin, l'explication de tout ce cirque est montrée. Le film n'est pas foiré, il parfaitement maitrisé de bout en bout. C'est une leçon de cinéma ... ou pas.


Le gros problème est là. J'ai été soufflé par le dénouement (ultra rapide), qui implique toute une réflexion, certes simpliste, mais je me suis fait chier pendant tout le film à ne pas savoir ce que je regardais. Alors oui, c'est bien de faire du cinéma engagé, donnant un avis, posant un début de réflexion, brisant les codes d'expression dans un but précis. Mais, même si le film passe rapidement, c'est beaucoup trop long. La seule pensée que j'ai eu à la fin de la bobine c'est "ho bha putain, tu m'as scotché mais ... tout ça pour ça ?".


Alors soit je suis mauvais perdant et je ne supporte pas de m'être fait rouler, soit l'expérience tentée par le réal' est réussie, mais complètement inutile.