Il y a un truc indéniable avec le Scarface d'Howard Hawks, ce film date de 1932 et il n'a pas pris une ride, ça lui fait presque 80 ans !
Scarface est un archétype, tout ce que vous voyez dans ce film n'a pu qu'inspirer toute une pléiade de réalisateurs jusqu'à nos jours. Il est extrêmement bien fichu, une alchimie parfaite.
Scarface sort en 1932, la fin de la prohibition est pour l'an prochain. Al Capone, surnommé Scarface, est en prison depuis 1931 pour fraude fiscale et son empire va virer au déclin. Ceci dit la mafia, elle, ne s'arrête pas pour autant.
Le film se veut engagé dans le simple but de changer les choses et ce sera par l'intermédiaire, dès le début, de nous dire qu'en tant que spectateur américain, il convient que nous devons nous aussi faire en mesure de changer les choses sans toujours remettre la faute sur la politique ou les forces de l'ordre.
C'est beau à dire mais je n'ai pas la certitude qu'il s'agissait réellement de ce que pensait Howard Hawks ou si c'est une manière détournée du réalisateur pour avoir un peu la paix avec Will H.Hays et son Hays Office. Le Hays Office était le système de censure de l'époque. Et ce système de censure aura modifié énormément de choses dans ce film tels le thème de l'inceste qui reste néanmoins un rien visible, mais l'est un peu plus dans le remake de Brian de Palma avec Al Pacino.
Autre inspiration du contexte de l'époque, c'est l'évènement que l'on nomme "Le massacre de la Saint Valentin". Sans qu'il soit intitulé tel quel dans le film, on le voit directement, surtout quand on vivait à l'époque. Ce massacre a été commandé par Al Capone voulant éliminer un de ses adversaires, le gang Moran. La scène est reprise avec détails mais en changeant les noms dans le film.
D'après ce que j'en ai lu, Al Capone a beaucoup apprécié le film...
Pour en revenir à cette oeuvre, son casting est efficace. J'avoue ne pas me souvenir d'avoir vu Paul Muni dans un autre rôle que celui de Scarface mais il méritait sans aucun doute son Oscar. Puis surtout on y retrouve le fabuleux Boris Karloff, connu sous les traits du monstre de Frankenstein.
Si vous voulez une comparaison entre Scarface de De Palma, vous remplacez la drogue de 1983 par l'alcool de 1932 et tout s'y trouve déjà, ou presque. Avec simplement une violence plus moderne chez De Palma, ce qui est logique, Hawks en aurait sans doute fait autant.
Mais oui, de l'inceste à "The World is yours" on retrouve pas mal de références dans le remake.
Pour faire bref, un film de gangster qui ne manque absolument pas d'action et qui n'a rien à envier à des films plus récents. A voir au moins une fois