Voir le nom de Guillermo Del Toro au générique d'un film ne peut que faire frétiller de bonheur le masqué, que ce soit en tant que réalisateur ou que producteur.


Le masqué se souvient aussi d'un The Jane Doe Identity qui l'avait bien enthousiasmé il y a déjà trois ans. Alors, à l'idée de retrouver André Øvredal à la barre de l'entreprise; Behind dit banco.


Alors même que Scary Stories semblait pourtant puer la récupération de la nostalgie et des doudous du fantastique de la génération précédente. Ceux que l'on nous fourgue aujourd'hui sur le grand écran ou en série, sans pour autant en comprendre tous les ressorts. Comme s'il s'agissait de reconstituer l'ambiance des 80's, ou des années soixante dans le cas qui nous intéresse, pour attirer le geek de base dans la salle.


Sauf que Scary Stories est à des milliers de kilomètres de tout cela. Et que son contexte sert la narration et le message du duo. Qu'en plus d'une occasion on fasse référence à Richard Nixon en pleine élection interroge sur le poids des mots, sur celui des mensonges sur lesquels des jeunes s'engagent pour aller mourir au Vietnam.


Il interroge tout autant le pouvoir incroyable des mots et la vérité qui se meurt, politique ou à l'échelle d'une famille de son secret et de son injustice. Montée en légende urbaine et en vulgaire maison hantée. Tout comme il interroge le storytelling d'un film plus mature qu'il ne le laisse apparaître au premier abord.


Car la première impression est celle de se retrouver dans une intrigue tirée de la série Chair de Poule chère à R.L. Stine, impression confirmée par le premier boogeyman convoqué, ainsi que cette tendance à ne jamais faire frontalement couler le sang.


Comme si l'on s'adressait peut être au public pré adolescent. Et Scary Stories s'imposerait dès lors sans mal comme une porte d'entrée idéale au genre, rafraîchissante et old school, dégraissée de tous les artifices actuels les plus agaçants (pour certains) du film d'épouvante.


Sauf que l'entreprise un rien proprette se grippe peu à peu, à mesure qu'elle monte en puissance dans son drame ou dans ce qu'elle représente. Scary Stories trouvera l'ensemble de ses ressorts en convoquant Destination Finale dans son cheminement, ou encore Death Note avec son cahier dans lequel les histoires prennent vie en forme de prémonition. Pour mieux malmener de manière parfois cruelle sa jeunesse offerte en pâture, l'amitié indéfectible et les premiers émois amoureux.


Ainsi que l'innocence qui sert de véritable carburant aux monstres invités à se repaître. De la peur de s'engager, du sentiment étouffant d'une mère castratrice.


Et le croque-mitaine final d'achever la balance du film vers l'horrifique consommé : un être désarticulé, implacable et peu ragoutant lancé dans une chasse acharnée.


Pour un plaisir classique mais renouvelé, un spectacle généreux respectant le genre et portant un amour immodéré de son matériau de base. Attachant, sympathique et réussi, Scary Stories porte une idée révolue de la peur passant par la simple transmission orale. Car le frisson n'est jamais plus agréable que lorsqu'il est partagé.


Behind_the_Mask, pour qui une bonne histoire ne fait jamais de mal.

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le 26 août 2019

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