Pfiou. Que dire de Angst. Eprouvant mais juste.
Un conseil, regardez-le en VOST ou ne le regardez pas, ça serait pêcher.
On parle de l'histoire rapidement, un homme sort de prison. Il raconte comme il y est arrivé, ses crimes et surtout sa colère, son envie de vengeance et son désir de tuer. L'homme en question est de taille moyenne, mince, pas super musclé, le tein blaffard, l'oeil vif, alerte. Il s'engouffre dans un café commande une wurst autrichienne, évalue les candidats au massacre qu'il fomente depuis des années depuis sa cellule et décide de prendre un taxi.
Angst, c'est l'histoire vraie d'un serial killer autrichien qui a exercé dans les années 1960.
Tout est dans l'acte, le déroulé, l'assouvissement de la pulsion et ça va très loin. Et cette logique implacable, ce génie employé à construire des scenarii immondes, est parfaitement rendu. A vomir.
Le film est sorti en 1983 sous le nom de Angst (la colère). Il y a eu craquage au niveau de la traduction en français : Schizophrenia, le tueur de l'ombre. Je comprends vraiment pas. :-/
A force de manger du CSI et du Cold Case, un cas comme celui là se décrit rapidement. Le bonhomme est sociopathe, il ne peut avoir d'empathie pour les autres et refoule les remords. Son historique semble être classique : animaux, fratrie, parent, beau parents, épouse. Tout y passe, il les violente, les blesse, les abîme, les tue. Il se fait toper et emprisonner. Et là, on est mardi, il doit sortir.
Le film commence. La voix off décrit l'exposé de cette longue ascension vers son projet final. Celui qui a été préparé pendant ces longues années de frustration. Et on ne peut pas dire grand chose de plus sans dévoiler le reste.
La bande son est signé Klaus Schulze (Tangerine Dream), ce qui donne un côté aventurier au personnage principal sur les scènes de découverte et se termine dans un univers musical froid et humide (on entend des gouttes qui tombent au générique de fin).
La manière de filmer est disruptive par rapport à n'importe quel autre film qui traite de l'histoire d'un serial killer. Dans Funny Games, on assiste à des suites de tableaux descriptifs, des seynettes. Dans les classiques d'Hollywood, à la même époque, on jouait sur les ombres, rappelez vous Jason et son grand couteau.On se rapproche plus d'un film Dogme, type Festen, mais bien précurseur.
Là, on est dans l'action, le mouvement. Le mec est comme un fou à vouloir buter absolument quelqu'un. Ça se traduit par une caméra en plongée / contre plongée (ce qui vaut quelques petits soucis au cameraman, plusieurs fois on sent que la caméra a touché un mur ou le sol); et aussi des visions aériennes du lieu de l'action, incarnant la légèreté retrouvée, l'euphorie post meurtrière. L'utilisation d'un système de caméra fixée à un cerceau autour de l'acteur permet de faire du steady cam en vue rapprochée. Ingénieux et efficace, cela augmente la sensation d'interdit.
La pellicule est plutôt bonne, on a un rendu propre, sans trop de grain, ce qui renforce l'aspect biographique de l'oeuvre.
Le fait d'avoir ajouté une voix off décuple complètement le visuel qui n'aurait peu d'intérêt à mon avis. Elle justifie les actes qui sont présentés à l'écran, explique et démontre le cheminement intellectuel du psychopathe pour assouvir ses pulsions et frustrations. Elle donne la trajectoire que le bonhomme s'est fixée.
Je ne vais pas dire que j'ai passé un bon moment, c'est un film qui est tendu, assez vrai et aussi dérangeant sur le fond que la forme. L'histoire est courte et intense.Le talent du réalisateur relève le fait d'hiver à un bon film, qui ne se résume pas à une simple boucherie.
Je le recommande pour le public averti, les mickeys allez jouez au frisbee dehors.
Et comme on dit : tschüss !
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