Les collusions entre cinéma et comic ont souvent généré des expérimentations assez originales. Qu’on pense au Batman de Burton, à Dick Tracy ou plus récemment Sin City, le potentiel iconique est puissant.
Scott Pilgrim s’inscrit dans cette veine, et brasse toute une culture de gamers, de geek et de rock au profit d’une intrigue visiblement délibérément inepte d’amours adolescentes.
Le ton brandi dès les premières séquences joue sur plusieurs tableaux : d’un côté, la nonchalance, voire la parodie, les chutes désactivant les poncifs de la romance teenage. De l’autre, une débauche de moyens visuels délirants, illustration des passions démesurées propre à cet âge. Combats au skate, à la guitare, mandales cosmiques, dragons sonores se partagent donc l’affiche avec les mines désabusées de pré-adultes sortis tout droit de Parker Lewis ne perd jamais.
Ce mélange étrange n’est pas sans intelligence : la laideur des combats semble volontaire, la bluette assumée, et certains passages comiques sont efficaces ; tout le monde pourra donc y trouver son compte.
Très travaillé dans son esthétique, le film devient aussi une sorte de jeu de piste à effets, souvent gratuits, mais néanmoins plaisants, où l’on finit par guetter la trouvaille pour la prochaine transition entre les séquences, les incursions du texte ou de l’animation dans l’image traditionnelle.
Tout cela est bien mignon, mais étonnamment inepte au regard des moyens investis. Une petite friandise cartoonesque dont le goût s’évapore aussi vite que celui d’une chupa chups.