Un an après Pinot, simple flic, Gérard Jugnot enchaîne avec une deuxième réalisation. S’il sort du contexte social urbain propre aux années 80 en situant son film dans les années 60, il reste dans le ton avec le portrait d’un homme naïf au bon cœur confronté à une réalité qu’il ne parvient pas à maîtriser. S’il n’est pas ici opposé à des voyous, il a fort à faire avec une bande de jeunes scouts gentiment chenapans. Autour de lui, les personnages sont à peine esquissés et les caricatures sont nombreuses. Certains jeunes sont forcément des têtes à claque, d’autres sont plus anonymes mais, globalement, il manque clairement un ou deux personnages forts parmi eux.
Côté scénario, rien de particulièrement trépidant avec une enfilade de sketches plus ou moins aboutis, parfois exagérés, parfois amusants. D’autres sujets esquissés sont abandonnés alors qu’ils auraient mérité un traitement plus approfondi. Ce qu’on retient finalement, c’est la tonalité d’ensemble plutôt sympathique avec de jolis paysages, quelques péripéties et un esprit nostalgique qui fait qu’on passe un agréable moment. Le film a aussi cette qualité d'être totalement sans prétention, peignant avec nostalgie une période faite de légèreté et de simplicité, et se gardant bien de juger les adeptes et les opposants du scoutisme.
On finit par passer par-dessus certains passages ou personnages plutôt faibles pour retenir la fraîcheur de l’ensemble. C’est souvent maladroit mais, à l’image du personnage principal, c’est suffisamment naïf pour être attachant. C’est, en revanche, typiquement le genre de film qu’on ne peut plus tourner aujourd’hui, certains thèmes abordés ne pouvant plus être traités avec autant d’insouciance et de légèreté. Une autre raison pour regarder cela avec pas mal d’indulgence, surtout qu'il vieillit plutôt bien.