Ce nouveau Scream surprend par sa dernière séquence dans laquelle la nouvelle héroïne Sam demande aux anciennes Sydney et Gale si elle saura se remettre. Pour y parvenir, il faudra traverser séquence par séquence (assassinat par assassinat) le casting plutôt réussi de cet énième opus : à chaque jeune comédien semble correspondre une page de réseau social (d’ailleurs le smartphone qui supplante les combinés des premiers opus est omniprésent à l’écran et ne pardonne jamais l’inattention de leurs propriétaires) une apparition Disney Channel ou un visage d’agence de mannequin. On navigue dans ce Scream comme on scroll sur nos écrans, sans manquer d’être rappelé par la violence du Ghostface. La casting, à la différence de celui d’Euphoria - plus millenials et trendy - semble plus daté : pas de Zendaya, de mannequin transgenre Harper’s Bazaar ou de jolies grosses. Les réalisateurs ne re-convoquent pas seulement le slasher movie (on passera sur les séquences de jump scare et de stabbing trop nombreuses et trash même si parfois jouissives) mais aussi les Emo (Liv) et les joueurs de foot US afro-américains (Chad), sympas mais pas toujours malins, qu’on avait oubliés entre Mean Girls et Buffy contre les vampires. Il y a dans cet énième Scream une recherche constante de légitimité, entre volonté d’hommage et désir de s’affranchir, entre génération y et z. C’est pourquoi on est surpris par cette dernière séquence quand les visages figés tantôt par la pénible et longue histoire de la saga (Neve Campbell qui aura participé aux cinq opus après avoir pourtant essayé de décliner), tantôt par les affres de la célébrité (Courteney Cox statufiée, auparavant formidable Monica de Friends dont le monde entier se souvient), sont réunis par celui de la nouvelle génération qui, après les avoir remercié pour leurs exemples (autant à suivre qu’à ne pas) leur pose la question qui n'a pas de réponse : et pour nous, est-ce que ça ira ? L’intérêt de cet énième opus de Scream (qui pourrait ne pas être le dernier mais qui sacrifie tout de même une de ses figures majeures, comme un geste testamentaire) ne tient pas sur une mélancolie contemporaine, mais sur une tentative désespérée (Sydney répond "un jour, peut-être") de ressusciter les fantômes d’hier qui ne seraient que les mêmes qu’aujourd’hui.