- Ce serait faire un raisonnement un peu simpliste. Je trouve ça primaire de mettre la violence sur le dos du cinéma.
- L'assassin portait un masque exactement comme dans le film qui est donc directement responsable.
- Non, je regrette. Pour moi le cinéma n’influence pas nos actes.
- C’est le schéma classique de la vie imitant l’art imitant la vie.
- C'est pas un sujet de devoir et encore moins de l'art. J'étais en biologie avec cette fille on est en pleine réalité.
- Tu as raison, entièrement raison. Laisse-moi te dire deux mots sur la réalité Mickey : ce truc là je l'ai vécu aussi, ok ? La vie est la vie, elle n'imite rien.
- Tu permets Randy ? Faut voir les choses comme elles sont, l'assassin c'est manifestement inspiré des de tueur en série immortalisé par ce film.
Scream film culte de Wes Craven qui a redéfini le slasher dans une relecture formidable d'une intelligence rarement atteint se voit en 1997 attribué d'une suite qui a pour objectif de passer après un chef-d'œuvre du genre. Autant dire une opération casse gueule, une mission impossible. Pour espérer réitérer l'exploit on remet à la réalisation Wes Craven, ce qui semble être le choix plus judicieux. 1h56min plus tard, fort est de constater que si l'exploit n'est pas répété Wes Craven pose avec Scream 2 une nouvelle critique aussi intéressante qu'amusante autour du cinéma et de ses codes que le cinéaste détourne intelligemment en une satire affriolante autour de deux questions essentielles. Deux questions que l'on retrouve posée d'emblée par un professeur à ses étudiants durant une scène anodine et pourtant ô combien importante : " Selon vous, ce qui vient de se produire dans ce cinéma (meurtre de deux étudiants) est-il imputable, ou non, au film projeté hier soir ? " En clair, le cinéma est-il responsable d'une élévation de la violence auprès des plus jeunes ? (Élément déjà exploré dans le premier Scream mais approfondis dans celui-ci) Un petit débat survient et rapidement l'autre question essentielle est posée encore une fois par le professeur que l'on peut imaginer sans mal être l'incarnation de Wes Craven : " Vous croyez que quelqu'un aurait la prétention d'élaborer une suite à un fait divers ? '' À quoi répond Randy, toujours incarné par Jamie kennedy : '' Stab 2 ? Aucun intérêt, les suites sont toujours foirés. Par définition la suite n'est jamais qu'un sous-produit. '' En clair, les suites sont-elles forcément nulles ? Deux questions importantes autour desquelles Scream 2 projette toute son allégorie.
Ajoutons à cela une autre idée de génie en projetant Stab qui est en gros la fiction cinématographique de Scream. L'histoire vraie d'une fiction projetée dans une autre fiction et qui en plus sera lors de sa diffusion sur grand écran témoin d'un double meurtre sordide. Une idée qui permet aux différents personnages ainsi qu'au cinéaste d'apporter une véritable critique constructive autour du regard public envers les œuvres cinématographiques. Stab présente comme vedette principale pour incarner Sidney par Neve Campbell, l'actrice'' Tori Spelling '', un joli pied-de-nez au premier long-métrage puisque Sidney avait précisé que si un film de son histoire devait se faire avec le manque de chance qu'elle a, elle serait incarnée par Tori Spelling. On retrouvera également la comédienne Heather Graham dans le rôle de Casey Becker par Drew Barrymore et le comédien Luke Wilson pour incarner Billy Loomis par Skeet Ulrich.
Tout ceci apporte une véritable proposition métaphorique, dans laquelle le cinéaste Wes Craven avoue clairement que finalement il ne sert à rien d'essayer de faire mieux que le support original car forcément il n'y arrivera jamais. Pour autant il ne jette pas l'éponge car il laisse comprendre qu'une suite n'est pas obligatoirement mauvaise, même si l'essence de l'œuvre en fait un sous-produit de par sa condition de suite, elle peut néanmoins être sublimée en apportant une véritable originalité sur l'approfondissement de ce qui fut déjà fait, avec ici un prolongement plus centralisé sur la critique d'une critique. Ce que je trouve absolument génial c'est que pour autant le cinéaste admet qu'une suite peut être supérieure au film original malgré sa condition de sous-produit, et à cela il ajoute des exemples en citant : '' Aliens (2) '' de James Cameron, ou encore '' Terminator 2 '' également de James Cameron. Je peux vous dire qu'il passe un sacré coup de pommade à Cameron en reconnaissant ces exploits d'avoir fait des suites meilleures que les originaux. À quoi tout de même il ajoute pour éviter la critique facile un commentaire prononcé par Sarah Michelle Gellar : '' Question de goût à chacun ses références. '' Cela ne l'empêchera pas d'apporter au moins deux certitudes qu'il estime être indiscutable avec Le Parrain 2, pour l'exception qui confirme la règle d'une suite supérieure ; et une critique négative assez claire à propos de House 2. Par ici les références ! Wes Craven, quel génie tu fais !
- Quel besoin de nous montrer ses fesses ? On s’en fiche de voir son cul, non mais franchement qu’est-ce que ça apporte de plus à l’histoire ?
- À l’histoire, je sais pas, mais moi ça me file une trique d’enfer !
- Ouais ben compte pas sur moi pour te détendre !
Scream 2 offre une belle réalisation avec une composition musicale toujours aussi efficace que l'on doit encore une fois au génial Marco Beltrami qui offre une partition d'ambiance très efficace. Rapidement le ton est donné avec la scène d'ouverture qui ce centre sur un couple afro-américain incarné par Jada Pinkett et Omar Epps, en train de faire la queue pour regarder l'avant-première du film " Stab ". Une scène dans un premier temps amusante puisque Pinkett critique la blancheur des comédiens dans l'industrie du cinéma en général ( critique plutôt bienvenue à l'époque ) jusqu'au visage du masque de Ghostface qui est également blanc. Monumentale erreur que de critiquer Ghostface ! Ce qui est très ironique, c'est que Wes Craven semble conscient qu'avec le premier Scream il a offert la scène d'ouverture la plus parfaite et percutante d'un slasher, et que là aussi il ne sert à rien d'essayer de faire mieux car de toute façon il n'a pas le talent de James Cameron pour réussir. C'est pourquoi, il fait un joli pied-de-nez en montrant dans le cinéma en arrière-plan la fameuse scène d'ouverture de Scream mais version Stab. '' Voilà ce que vous avez eu dans mon premier film, et à défaut voilà ce que je peux vous offrir aujourd'hui avec les meurtres de Jada Pinkett et Omar Epps. '' Une conscience assez osée de la limite du talent du cinéaste qu'il retourne intelligemment à son avantage, même si on est en droit de ce dire qu'il y a peut-être un manque de cran ou de courage de sa part.
L'intrigue avance à bon train et on ne s'ennuie pas une seconde. Les exécutions sont beaucoup plus violentes et les victimes s'enchaînent plus rapidement. Les meurtres ont cours dans des lieux moins isolés et plus osés comme dans une salle de cinéma au milieu de tout le monde, un fourgon de télévision situé en plein jour sur une place universitaire, jusqu'au sein de l'établissement dans une salle de projection, ou encore, sur une pièce de théâtre, ainsi qu'une tentative de meurtre lors d'un entraînement pour la représentation de Cassandre avec pourtant tous les protagonistes de la pièce autour, et même une attaque en pleine ville contre une voiture de police avec deux flics armés à l'intérieur. Autant dire que ce tueur masqué à beaucoup plus de crans ! Pour autant, l'intention dramatique est bien moins efficace, car finalement la meilleure séquence d'attaque sera celle contre Sarah Michelle Gellar qui retrouvera justement la forme originale du premier Scream, avec une jeune fille isolée dans une grande maison subissant les harcèlements téléphoniques de Ghostface avant l'attaque physique de celui-ci. Une critique que l'on peut également reporter à son final, qui bien que pas mauvais, est bien moins intense, long, et saisissant que celui du premier film avec une menace principale bien moins impactant et des dialogues moins percutants. Là où les motivations '' de ''ou '' des '' assassins sont plutôt crédibles. Néanmoins, c'est regrettable que '' le '' ou '' l'un '' des deux assassins soit si facile à deviner.
Côté distribution on retrouve Neve Campbell plus magnifique que jamais dans le rôle de Sydney Prescott, la survivante des crimes de Woodsboro. Une Sydney toujours plus crédible que l'on voit vivre d'une manière un peu plus prudente par rapport à ce qui lui est arrivé à Woodsboro. Sidney que l'on découvre comme interprète principale de Cassandre pour une pièce de théâtre. Elle offre dans ce rôle un subtil miroir reflétant sa véritable personnalité par rapport à Cassandre prophétesse de Troie, comme le souligne si bien son professeur : '' Cette souffrance que tu ressens, retourne là à ton avantage. Ce rôle est pour toi Sydney. Cassandre fut une des figures tragiques les plus visionnaires de la littérature. Elle avait tout pressenti : les guerres, les batailles, les massacres, la démence... Elle savait qu'une malédiction pesée sur elle, c'était son destin, et elle a embrassé. '' Tout le personnage de Sydney parfaitement résumé dans cette remarque. Ce qui est amusant c'est qu'on peut y voir également le fatalisme de Wes Craven à savoir qu'après le succès de Scream il devrait fatalement passer par la case suite dont il sait être une tâche compliquée à franchir. On retrouve avec plaisir Jamie Kennedy en tant que Randy le geek et cinéphile absolu qui encore une fois va nous décrire quelques règles du genre. Courteney Cox en tant que Gale Weathers, est de retour au même titre que Dwight alias Dewey par David Arquette. La relation entre Gale et Dewey est mieux explorée, on s'attache à ce couple qui sera victime d'une terrible séquence, où le shérif adjoint se fera gravement attaquer sous le regard impuissant de la belle journaliste. Un Dewey toujours aussi inutile mais plus courageux que jamais gravement traumatisé par sa blessure survenue lors du premier film. Gale se prend une baffe de plus par Sidney, et j'ai une fois de plus jubilé. Le retour également de Cotton Weary par l'excellent Liev Schreiber qui prend ici beaucoup plus de place et jouera le rôle le plus important lors du final. On retrouve également de nombreuses nouvelles têtes à commencé par ma déesse : Sarah Michelle Gellar (Casey Cooper alias Cici), mais aussi Jada Pinkett (Maureen Evans), Omar Epps(Phil Stevens), Élise Neal (Hallier McDaniel), Timothy Olyphant (Mickey), Duane Martin (Joel Johns), Jerry O'Connell (Derek Feldman)... À noter également qu'on retrouve pour mon plus grand plaisir le comédien Joshua Jackson en tant qu'étudiant dans un tout petit rôle.
CONCLUSION : ##
Scream 2 de Wes Craven en tant que suite du chef-d'œuvre du cinéaste ne parvient pas à réitérer son exploit mais réussi à habilement mette en scène un second opus qui offrira une continuité suffisamment solide pour lui permettre de devenir un classique se conjuguant parfaitement à l'œuvre originale. À défaut d'avoir le talent suffisant pour en faire une suite de même qualité que l'original Wes Craven part sur une très bonne idée en offrant une véritable réflexion critique sur les suites cinématographiques ainsi que sur l'impact des films auprès des plus jeunes, tout en projetant avec audace les limites de son talent qu'il retourne habilement à son avantage. Un véritable plaisir de retrouver l'ensemble de la distribution !
Wes Craven de même que Neve Campbell en tant que Sidney Prescott joue-t-il lui aussi avec Scream 2 les Cassandre ? J'en suis persuadé !
- Quel manque de jugeote ! Tu devrais te fier à ton instinct. Mais regarde moi ce pauvre Derek, c'est un brave garçon qui ne fais de tort à personne, spirituel, futé et joli coeur, beau brin de voix, et futur médecin pour ne rien gâcher. En résumé, le gendre idéal dont rêve toutes les mamans : " pour ceux qui en ont une. "
- Va te faire foutre !
- Oh qu'elle vulgarité ! Billy te laissait parler comme ça ?
- Billy était un névrosé, comme toi !