Screamadelicouille
[tu sais très bien que je vais pas te sortir l'identité du/de la/des tueur(s) ici, hein, mais je suis obligé d'éventer UN MINIMUM le film pour en causer, hein. OK] Alors Scream 4 coco ça vaut quoi ...
le 7 avr. 2011
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- Encore une question, rien qu'une !
- Très bien Kirby. La question de la dernière chance. Donne moi le titre du remake du film qui a révolutionné...
- Halloween, Divorce sur la ligne, La Colline à des Yeux, Amityville, Les Griffes de la Nuit, La Dernière Maison sur la Gauche, Fog, La Maison de Cire, Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13, Meurtres à la St Valentin, L'Armée des Morts, Piranha. C'est un de ceux-là ? Pas vrai ?
Scream 4 est à graver au couteau dans la filmographie de Wes Craven puisqu'il est le dernier film réalisé par le cinéaste mort d'un cancer 4 ans après la sortie du film. Un slasher posthume qui arrive onze ans après le troisième opus de la franchise Scream sortie en 2000 et quinze ans après le film original sorti en 1996. Des retrouvailles à l'époque inespérées pour les fans de la licence ravis de retrouver le réalisateur Wes Craven de nouveau accompagné du scénariste Kevin Williamson (indisponible pour le troisième opus) ainsi que du casting original avec la célèbre Sidney Prescott (Neve Campbell), le shérif Dwight alias Dewey Riley(David Arquette), Gale Weathers Riley(Courteney Cox), et surtout le terrible Ghostface. Scream marque avant tout le génie de Wes Craven qui pour rappel en 1996 a ressuscité le genre slasher qui entre le début et le milieu des années 1990, était définitivement enterré par les critiques devant le résultat catastrophique des licences ayant poussé le bouchon bien trop loin. Une résurrection brillante ayant rendu le genre "slasher" à nouveau efficace, inattendu, original et flippant par une véritable transformation du genre, au point de devenir une véritable tête de proue, qui trouvera deux autres suites. Une trilogie cohérente d'une qualité inégale mais d'une pertinence sans égale avec pour chacun des trois films une critique analytique du cinéma ainsi qu'un raisonnement plus poussé sur divers éléments entourant le système hollywoodien. Une trilogie clôturée que l'on pensait terminée et qui finalement revient sur le devant de la scène avec pour objectif de relancer une nouvelle trilogie.
Pour escompter renouveler l'exploit on remet à la réalisation Wes Craven, un choix judicieux car fort est de constater que si l'exploit n'est pas réitéré, Wes Craven a encore quelques beaux restes en posant avec Scream 4 une nouvelle analyse sarcastique intéressant autour du cinéma et de ses codes que le cinéaste détourne intelligemment en une satire affriolante qui remet à jour les règles du genre en modernisant sa franchise. Une redéfinition d'une époque vouée aux réseaux sociaux, les téléphones portables, les ordinateurs... Avec une approche des contenus télévisés toujours plus outranciers offrant des opportunités d'approches plus ou moins pertinentes qui permettent à Wes Craven de vivre avec son temps en recontextualisant son récit. Une bonne manière de constater si le cinéaste est devenu ringard ou non. Scream 4 suis de nouvelles règles dans une conjecture particulière entre ''une suite'' et un ''remake'' où tout est amplifié entre un humour encore plus sarcastique et une violence toujours plus démonstrative qui ensemble fonctionne un peu plus difficilement à cause d'un humour trop présent (malgré la pertinence de certaines répliques) qui dévalue la tension à certains instants. Cela crée une ambiance étrange. L'un déprécie la valeur de l'autre (toutes proportions gardées) et c'est dommage.
Le script est toujours aussi intelligent et divertissant et Craven parvient par moments à renouer avec son titre de maître de l'horreur dans la divulgation de son propos qui une fois encore s'illustre brillamment en une critique satirique qui frappe d'emblée de jeu très fort avec une scène d'introduction 3 en 1 qui va droit à l'essentiel en délivrant trois messages successifs qui illustrent le propos éclairé de Wes Craven par le biais de six personnages :
Scène n°1 : ''Lucy Hale / Shenae Grimes-Beech'' :
- Quel film tu choisis ?
- Un film d'horreur : Saw 4.
- Beurk ! Je l'ai vu en salle. À chier. C'est dégueu. Ça fait pas peur et c'est vulgos. Les scènes de tortures on dirait un porno gore de seconde zone.
- T'aime quoi, toi ? Moi, j'aime bien Jigsaw. Il est inventif dans le meurtre.
- On n'y croit pas : personnages pas développés, que membres arrachés et sang qui gicle.
Avec ce premier commentaire Wes Craven n'y va pas avec le dos de la cuillère en décrivant les films d'horreur actuels tel que la franchise Saw comme de la torture movie malsaine qui ne s'affirme que par un prisme voyeurisme dû au plaisir de regarder quelqu'un se faire torturer à travers des scènes trash et gore qui occultent tout développement pour un maximum de scènes affreuses et sales juste pour le buzz au détriment du contenu filmique. Du porno.
Scène n°2 : ''Anna Paquin / Kristen Bell'' :
- Putain, c'est quoi ce truc !
- Quoi ?
- Débile, une vraie merde. C'est vraiment la mort du film d'horreur.
- J'ai marché, j'ai eu peur.
- Un tueur sur Facebook ? Tu te fiches de moi.
- Sur Twitter, ce serait plus crédible.
- Des intellos qui décortiquent des films d'horreur et Ghostface qui les tue, un par un. On a vu ça 1000 fois. Ces films introspectifs, qui s'auto-alimentent d'autres films... La fourchette plantée, ça date de 1996.
- J'aime les Stab avec un tueur avec un poignard. Ils font plus peur. Sans aliens, ni zombies ou fantômes asiatiques. Ça fait plus vrai, le type avec un couteau qui bondit. Ça peut arriver.
- Je marche pas. Ils savent pas s'arrêter et recyclent la même merde. La première scène, c'est toujours une fille qui se fait tuer après un appel. Trop prévisible, aucune surprise. On voit tout venir !
(S'enchaîne un coup de couteau inattendu.)
- Là, ça te surprends ? C'est ta faute, tu l'as bien cherché.
- Pourquoi ?
- Parce que tu parles beaucoup trop. Alors maintenant boucle-la et regarde le film.
Scène ultra ironique mais bourrée de sens qui va tout d'abord dans la continuité du premier commentaire puisque Wes Craven affirme sa préférence pour le bon vieux modèle du tueur au couteau, appuyant le fait qu'il est de la vieille école. Dans un second temps, le réalisateur fait un constat clair sur le manque d'audace des studios qui ne veulent plus que faire des remakes, à quoi il ajoute une conclusion assez fataliste puisqu'il ne sert finalement à rien de lutter contre ça car ce sont les studios qui décident. Un dialogue anti remakes qui revient à plusieurs reprises dans ce film mais qui est à percevoir en filigrane puisque le réalisateur lui-même est à l'origine de certains remakes. En gros, des remakes que des remakes ça fait chier pour autant la surprise est encore possible si on ne fait pas n'importe quoi et qu'on respecte le support original sans pour autant en faire une copie conforme qui va nuire au support d'origine.
Comme le dit si bien Sidney Prescott : ''Règle n°1 du remake : on déconne pas avec l'original.''
Ironique mais tellement vrai, comme en attestent les nombreuses dernières productions comme Star Wars Disney, Terminator Dark Fate, Matrix 4... qui recyclent abondamment pour ne plus qu'être des oeuvres bâtardes qui ne se suffisent plus à elles-mêmes et qui en plus commettent le crime ultime en déconnant avec l'original. Luke Skywalker n'est plus la figure héroïque emblématique au même titre que Dark Vador qui est totalement désacraliser, John Connor est sacrifié et n'est plus le sauveur, Néo n'est plus l'élu... La décadence des remakes, Wes Craven une fois de plus à eu le nez fin.
Scène n°3 : ''Aimee Teegarden / Britt Robertson'' :
- J'adore. Je l'ai vu 5 fois et je marche encore.
- Tu plaisantes. Je pige rien.
- C'est comme La 4e Dimension.
- 4e Dimension ?
- Un film, dans le film.
- Je sais mais c'est pas logique. Si Stab 7 commence comme Stab 6, Stab 6 commence comme Stab 5 ? Qu'en est-il de Stab 4 ?
- Tu penses trop.
- Vraiment ? Ou bien c'est le scénariste qui réfléchit pas assez ? Je regarde pas ces films-là.
Pour Scream 4 ils en sont maintenant à Stab 7 qui est finalement parti dans un grand n'importe quoi comme la plupart des longues franchises horrifiques, et pas que. Constat une fois de plus fataliste où pour excuser la médiocrité des films qui ne font même plus un effort de cohérence on en vient à nous dire qu'on réfléchit trop. En gros ta gueule et mange ! Si tu n'aimes pas et qu'il y a des incohérences c'est forcément ta faute et pas celle des scénaristes (coucou Star Wars Disney).
Une séquence d'ouverture en 3 scènes superposées qui en dit beaucoup sur le ressentie pas du tout optimiste du cinéaste qui dresse un constat sans appel sur l'état du cinéma que certains pourraient qualifier de ''vieux con'' mais qui à travers le temps au vu des propositions cinématographiques actuelles autour des longues sagas lui ont donné raison.
Enfin on retrouve les fameuses discussions sur les règles de l'horreur pour survivre à la vie réelle. Des règles du genre qui font l'identité de la franchise Scream et qui sont mises à jour et modernisées :
- Pour être la nouvelle version, le tueur devrait filmer ses meurtres.
- C'est la prochaine innovation du film d'horreur. Filmer en direct, diffuser avant d'être pris.
- Immortalisant son art.
- Pour vous, qui est l'assassin ?
- À l'évidence, un fanatique de Stab. Moins ''Suite hurlante'' et plus "Scream-make". Il n'y a maintenant que des remakes. Les studios ne veulent que ça. Les règles ont changé. L'inattendu est le nouveau cliché.
- Première scène d'ouverture qui déchire avec une esthétique très clipesque. Musique tapageuse qui donne le ton, meurtres extrêmes.
- Le public actuel connaît bien tous les codes. D'où les contre-pieds qui deviennent le nouveau standard.
- Pour survivre dans un film d'horreur d'aujourd'hui, il faut être gay.
- Vous êtes sûrs qu'il agit suivant les codes d'un remake ?
- La structure de Stab est visible.
- Deux jeunes tués, en l'absence des parents. La bombe du bahut, massacrée. Le tout débouchant sur...
- Une fête.
- Exactement. Une fête. 3e acte : bain de sang garanti.
Un commentaire intelligent qui n'est nul autre que la solution proposée par Wes Craven pour venir contrecarrer son constat fataliste des différentes franchises de films.
Les meurtres sont de retour dans une forme un brin plus brutaux sans tomber dans la gratuité avec des scènes de mort pour la plupart réussit qui renouent avec le format original du slasher. Un retour au classique qui incorpore une modernité qui ne manque pas de rythme. On retrouve les harcèlements de Ghostface qui une fois encore aime tourmenter au téléphone ses victimes avant de les trucider brutalement. Certaines scènes fonctionnent très bien avec l'horreur comme l'embuscade du parking, ou encore durant le festival ''Stabathon''. Vient le final avec la révélation du ou des tueurs qui assurent une surprise autour du résultat avec la défaite de Sidney qui aurait pu faire de Scream 4 une œuvre majeure avec du sens si elle avait assumé jusqu'au bout, chose qu'elle ne fait pas avec le chapitre à l'hôpital qui devient le nouveau final. C'est vraiment dommage car Wes Craven aurait pu en assumant la mort de Sidney et la victoire du Ghostface inscrire Scream 4 dans la durée collective et angulaire du slasher.
Le casting original est de retour mais sans grande inspiration avec un shérif Dewey (David Arquette) qui redevient la figure idiote du premier film qui avait pourtant logiquement évolué de manière plus sérieuse à travers les suites et qui ici régresse. Gale (Courteney Cox) est fidèle à elle-même et participe à l'action même si on peut regretter un certain second degré de sa part qui ne passe pas toujours très bien. Sidney Prescott (Neve Campbell) est dans une conduite dramatique en retrait mais logique puisqu'elle n'est plus une victime traumatisée mais une guerrière qui devant l'adversité fait front et fonce se battre. Neve Campbell de retour à Woodsboro ça fait de l'effet, et bien que j'aurais préféré que Wes Craven assume sa mort, elle reste mon personnage préféré. De nombreux nouveaux personnages sont de la partie avec deux comédiennes excellentes Emma Roberts et Hayden Panettiere. On retrouve également Rory Culkin, Marielle Jaffe, Erik Knudsen, Nico Tortorella, Alison Brie, Anna Paquin, Kristen Bell... Marley Shelton en tant qu'adjointe du shérif est agaçante de même que ses collègues qui sont tous des idiots inutiles et incompétents qui nuisent à la tension et à l'horreur avec beaucoup trop de second degré.
Scream 4 du regretté Wes Craven n'est pas aussi bon que l'original mais en même temps il n'essaie pas de l'être, essayant plutôt de poursuivre une conduite critique du système hollywoodien qui fonctionne toujours aussi pertinemment avec une véritable définition sarcastique mais honnête du remake. On retrouve avec plaisir un casting original certes un peu fatigué entouré par une distribution plus jeune qui à défaut d'offrir un grand opus livre une quatrième suite satisfaisante qui ne vient à aucun moment nuire à ce qui fut déjà fait, apportant un plus pour les fans de la saga.
Hommage à Wes Craven qui avec Scream 4 signe son dernier film qui à défaut d'apporter une véritable conclusion ouvre la voie pour de nouvelles suites, laissant sa place à une nouvelle génération qui pourra venir dresser de nouveaux messages à ceux du cinéaste.
- Même tes amis...
- Mes amis ? Dans quel monde tu vis ? J'ai pas besoin d'amis. J'ai besoin de fans. Tu piges pas ? Il s'agissait pas de te tuer, il s'agissait de devenir toi. Pour ça, ma mère devait mourir. C'est pas une perte. Pour rester conforme à ce qui t'est arrivé, à la version originale. Démence ? La démence, supplante la normalité. Tu as eu tes 15 minutes de gloire. À moi, maintenant ! Je fais quoi ? Je dois allez au lycée, en fac ? Travailler ? Tout est sur la place publique. On est tous sur internet. Comment devenir célèbre aujourd'hui ? Plus besoin d'être doué en rien. Il suffit qu'il t'arrive un truc super merdique. C'est pour ça que tu dois mourir Sidney. Ce sont les règles. Nouveau film, nouvelle franchise. Un seul rôle principal et l'époque des gourdes, c'est terminé.
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Créée
le 4 janv. 2022
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