Pour le pop-corneur pas bien renseigné, l'anonymat intergalactique dans lequel est sorti Search Party est parfaitement subjuguant. On tient là une comédie US de facture classique, comme il en sort régulièrement à l'étranger grâce à un budget convenable, une certaine reconnaissance critique, ou la présence d'acteurs ou d'actrices un minimum connus. Mieux, on tient là un film surfant avec une roublardise admirable sur la vague pas encore totalement épuisée Hangover, écrite par un vétéran du genre (Road Trip, Starsky & Hutch...) auquel on doit, JUSTEMENT, The Hangover 2 ! Pire, Search Party, c'est la réunion d'un casting de comédiens talentueux et gueules connues de la sitcom américaine récente : Adam Pally de Happy Endings, TJ Miller et Thomas Middleditch de Silicon Valley, Alison Brie de Community, Kristen Ritter de Don't trust the b-- in apartment 23, et Shannon Woodward de Raising Hope. Et pourtant... notre pauvre film n'a eu droit qu'à UNE seule misérable salle en France (le Publicis des Champs, auquel on doit pas mal de saluts de ce genre), et sur Allociné, à UNE seule et crétine critique presse répertoriée (on a cherché dans le Première de décembre-janvier, en vain). Face à cela, on se dit "bon, d'accord, les grenouilles se sont plantées, voyons combien d'anglophones l'ont noté sur IMDB". Et là, coup de tonnerre : quelques pauvres dizaines de pèlerins. Alors au début, on se dit "WTF, dudes ?" (ou l'équivalent en français si l'on n'est pas aware). S'il n'y a pas dans cette histoire chelou sabotageation bien sournoise fomentée par un conglomérat judéomaçonique tout-puissant, on n'y comprend plus rien. Du coup, on se renseigne.
Résultat des courses, pour ceux qui ne savent pas encore : contrairement à ce que peut laisser croire IMDB, Search Party n'est carrément pas encore sorti aux USA, alors qu'il est bouclé depuis plus d'un an. Et ce n'est sans doute pas la faute aux Illuminatis. Plusieurs scénarios peuvent expliquer cet état de fait, un des plus crédibles étant le "simple" mécontentement du studio (en l'occurence, Universal), refroidi par de trop mauvaises projections-tests - ou éventuellement une toute nouvelle huile du studio cherchant à montrer c'est qui qu'est chef. Un article de Hollywood Reporter appelle carrément la sortie française une "courtesy theatrical release"… En clair, à moins d'une sortie VOD suffisamment bien marketée et d'un bon bouche-à-oreille, Search Party a une chance sur mille de faire plus de trente dollars de recette domestiques. Et c'est un peu dommage. Pas suffisamment pour mériter davantage qu'une liste toute bête de plus et de moins, mais quand même. À condition que l'on apprécie son humour potache et super-facile de joyeux fumeurs de beuh, Search Party propose un divertissement parfaitement acceptable.
LES PLUS :
- À condition que l'on tolère l'allègre pompage de films déjà sortis, Search Party est un plutôt bon élève du genre Hangover/Pineapple Express (des histoires d'amitié fraternelle entre potes fumeurs de beuh à l'occasion d'aventures rocambolesques).
- Le dynamisme d'un récit rempli de mini-ressorts, et plutôt bien rythmé, à l'exception d'un passage à vide à mi-parcours. Search Party n'a pas inventé la poudre, mais il court vite.
- La capacité de Scot Armstrong à exploiter le potentiel portnawak (copyright 1998) de situations suffisamment délirantes comme ça (le trafiquant afro-mexicain étant un exemple parmi d'autres).
- L'affirmation du potentiel de lead actors d'Adam Pally, très bon en gars peinard mais simplement forcé par les circonstances à jouer la voix de la raison.
- TJ Miller : y a-t-il acteur qui joue mieux le défoncé (à l'exception peut-être de James Franco) ?
- Toute la partie où le "Grand Hugo", magicien complètement taré, et son assistante, jouée par la craquante Kristen Ritter, tentent de prélever un rein à Jason, modèle de n'importe quoi comme on les aime. De ces rares moments qui donnent un minimum de caractère à un film autrement pas très original, vous l'avez compris.
- Alison Brie. La canonissimesquissime Alison Brie. Cette jupe rouge... râh lovely, comme dirait Gotlib.
- Lance Reddick en patron avec lequel faut pas rigoler. Yeaaah.
- La chanson de fin (lors du mariage qui finit par se faire, super-spoiler alert de rien je vous en prie), aussi adorable que graveleuse, par le charmant duo féminin du groupe de folk-déconne Garfunkel and Oates. Ça rappelle un peu les intermèdes chantés de There's something about Mary, des frères Farrelly. Ach, nostalgie.
- En gros, et bien que l'on reconnaisse la dimension parfaitement subjective de l'humour, on se marre bien, et même davantage que devant une autre comédie US pourtant bien plus originale (= moins pompée) et bien plus médiatisée comme We're the Millers...
LES MOINS :
- La nécessité, pour apprécier Search Party, de surmonter la comparaison avec des classiques précités du genre comme The Hangover et Pineapple Express, forcément à son désavantage.
- Le fait que Scot Armstrong ne s'est très visiblement pas foulé la rate pour pondre son scénario.
- Ouais, parce qu'à l'exception du "Grand Hugo", pratiquement rien de ce qu'on voit dans le film n'a pas déjà été plus ou moins vu dans la saga Hangover.
- Si les suites de The Hangover n'étaient pas déjà sorties, la pilule serait mieux passée. Là, sachant en plus que les deux suites en question ne volaient pas bien haut, ça le fait moins.
- Le côté un peu arbitraire des péripéties : comme souvent avec ce genre de films, la trame générale a tout du prétexte à enchaîner les sketches parfois gratuits (la scène du permis de conduire), et avec plus ou moins de réussite.
- Des personnages pas forcément super sympathiques au premier abord, à commencer par le "stoner" Jason : écrire des personnages à la fois fous/excentriques/irascibles ET appréciables n'est pas simple, cf. l'insupportable Alan de The Hangover. Le personnage de grand enfant joué par Jason Segel dans I Love You, Man est un bon contre-exemple. De la même manière, on se fout un peu des états d'âme de l'ex-future épouse (et finalement ex-ex-future épouse) Tracy, loin de la pauvre Cameron Diaz de My Best Friend Wedding, ou de la Rashida Jones d'I Love You, Man, pour citer de nouveau ce film. Pour finir, certains critiqueront également le fait qu'Evan ait pour seul réel enjeu de s'assurer sa promotion, parce que c'est un peu vilement matérialiste. Ce qui n'est pour autant pas notre cas.
- Pas assez d'Alison Brie. Mein Gött, cette jupe rouge. Pour tout vous dire, si l'actrice avait eu une demi-heure d'antenne de plus, l'auteur de ces lignes aurait carrément mis 9/10 au film. Exactement, pas de dignité, rien à foutre. C'est ça, le cinéma, après tout : du plaisir !