Documentaire qui développe une idée-force : ce qui menace les océans, c'est moins le plastique et le réchauffement climatique que la pêche intensive, devenue inhumaine. Et les labels de "pêche durable" de type MSC sont en fait financés par des entreprises comme Unilever, offrant à qui peut payer un label qui n'est que poudre aux yeux.
Par conséquent, que faire ? Cesser de manger du poisson ; lutter contre le lobyying de la pêche intensive ; exiger de véritables zones de protection des océans (5% actuellement, mal protégées, alors qu'il en faudrait minimum 30 %).
Quelques idées originales :
- la destruction du corail serait moins due à la montée de la température et de l'acidification des océans qu'à la baisse des stocks de poisson, dont les déjection nourrissent le corail
- les touillettes et pailles en plastiques sont un aspect très anecdotique des déchets plastiques qui détruisent les océans, 40% des déchets plastiques correspondant à des filets de pêche et autres rejets des bateaux de pêche.
Il y a d'autres aspects qui m'ont moins plu. Le documentaire est montré comme une enquête que monte le réalisateur, avec sa copine, façon commando. Ils interrogent en caméra dissimulée des représentants d'ONG, d'organismes de labellisation, de représentants de l'aquaculture industrielle, afin de prendre leur communication en défaut. Plusieurs fois, des images sont prises avant d'être arrêté par la police. Le reportage met beaucoup l'équipe en scène. Et le fait d'aller filmer le massacre des îles Feroe est assez hors-sujet par rapport à la pêche industrielle : il s'agit juste de conclure sur des images de mer de sang et de gens découpant des baleines sur la plage. Il y a vraiment la volonté de faire un film-choc, au prix parfois de certaines manipulations ou raccourcis. Apparemment quelques scènes auraient été retournées hors-site avec des témoins.
Mais bon, ce documentaire dérange de gros intérêts et en cela fait très bien son travail. Même si le message antispéciste et vegan est assez difficile à avaler, mais confirme au fonds ce que l'on sait déjà : agir est urgent.