Second tour, ou "les ptites abeilles c'est trop mignon"

Malheureusement, on ne peut pas toujours faire mouche (mouche, abeille, vous l'avez?) même quand on est Albert Dupontel. Second Tour débarque 3 ans après Adieu les cons, qui était autrement plus réussi, justement parce que comme tout ses autres films, il était éminemment politique, sans parler du milieu politique lui même. Dupontel s'intéresse d'habitude aux marginaux, aux laissés pour compte, aux gens hors du système, et toujours à des sujets de société comme la justice (9 mois ferme), les sans abris (Enfermés dehors), les mutilés de guerre (Au revoir là haut), etc. Et ici, Second tour, un film qui a entre autres problèmes de ne surtout pas prendre parti, puisque la seule cause défendue par les personnages (à savoir l'environnement) est plus ou moins une forme de consensus, surtout lorsque c'est fait de manière aussi naïve.

Le film a de vrai problèmes techniques. Au delà de démarrer dans un rythme étrange, et de peiner à exposer ses enjeux, le ton adopté semble faire de l'équilibrisme entre le thriller politique et la comédie burlesque, ce qui selon moi ne fonctionne pas du tout. On peu prendre l'introduction du film, très efficace à mon sens avec cet attentat sur Pierre Mercier, qui est désamorcé par deux journalistes imbéciles auxquels on est censé s'attacher. Peut être qu'un contexte trop réaliste ne va pas à Dupontel, ou peut être qu'il le traite avec moins d'intelligence qu'à une époque (encore une fois, 9 mois ferme réussissait cet équilibre), et on doit attendre une certaine révélation pour que le film acquiert un intérêt.

Et même dans ses belles fulgurances, que le film a car Dupontel fourmille (fourmi, abeilles, vous l'avez?) toujours d'idées, le film reste bancal. Prenons pour exemple cette fameuse scène de débat d'entre deux tours, sans la spoiler, qui constitue le climax du film. Elle est parfaitement dans le style "Dupontel", touchante, et portant un message humain fort, un heureux accident qui montre à tout le monde qu'un apiculteur illettré ferait, sur certains points, un meilleur président qu'un véritable homme politique. Mais dans ce contexte de "thriller politique" que le film a mis en place, on voit juste un discours naïf, avec un monologue sur les besoins des abeilles, qui a du sens pour nous sur le moment, mais je ne parviens pas à croire que c'est ce qui lui fait gagner et le débat et l'élection. Tout comme le fait que "cette campagne n'intéresse personne", alors qu'il y a au moins deux tentatives d'attentat en quelques jours sur le même candidat...

En bref, même si comme moi vous aimez Dupontel, vous risquez d'être déçus devant ce mélange improbable de conte naïf et de thriller politique, aux personnages superficiels, le tout pour ne rien gâcher, dans une lumière... super moche.