Voir le film

Second Tour, un film de second plan dans l'oeuvre du radical Albert Dupontel?

Pourtant totalement adepte voire inconditionnelle tous les films punk du radical Albert Dupontel (Adieu les Cons multi-récompensé aux César, Au revoir là-haut, Bernie, Enfermé dehors...), je dois avouer avoir été parfaitement décontenancée face à Second Tour, une fable politique qui a le malheur de l’être (ou pas justement). Second Tour, comme son titre l’indique, raconte la campagne d’un certain Pierre-Henry Mercier, économiste - et retrace son ascension médiatique et ses prises de paroles : le tout avec un propos “apolitique” plutôt banal. Si le film ne fonctionne pas, c’est sans doute car Dupontel utilise cet évènement politique caricaturé comme base scénaristique, simple prétexte pour déployer ses sujets de prédilection : la question des origines (quête de fils perdus cf. Adieu les cons), critique de l’administration et des médias, le tout de manière punk. On retrouve dès lors tous les ingrédients de son cinéma : récit surréaliste poétique alternant entre le léger (jeux de mots et Nicolas Marié en journaliste sportif vraiment drôle bien que répétitif) et le sérieux - à noter les références littéraires ou cinématographiques (philosophie de Platon et des abeilles, figure du doppelganger, double à la Ingmar Bergman) - récit auquel s’ajoute une esthétique radicale avec une colorimétrie pétante (exagération du jaune/rouge, plans sur des animaux, effets de caméras...). Le problème c’est que, si on comprend qu’il réalise un une fable sur couleurs primaires du fait de l’absurdité de certaines scènes, le réalisateur se perd dans son propos : on ne sait pas s’il veut critiquer des épisodes politiques récents (façon Alan Pakula avec Les Hommes du Président), ou nous parler de la famille ou de l’amour. Finalement, à ne pas choisir, on se retrouve avec un film au scénario alambiqué (digressions, complications, retournements incessants, rythme infernal pour tenir le spectateur qui peut s’endormir), paradoxalement pas assez burlesque (on s’attendait à du corrosif sur la politique et on est déçus) et des effets visuels déjà vus (et pourtant Dupontel est un formaliste des plus inspirés) qui arrivent sans justIfication et perdent leur sens : très peu convaincue, je retourne donc voir Adieu les cons.

Cinescreening
3
Écrit par

Créée

le 13 nov. 2023

Critique lue 10 fois

Cinescreening

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Second Tour

Second Tour
Plume231
3

Abstention !

Après le désespoir absolu, donc la lucidité, d'Adieu les cons, qui lui a valu un très joli nombre de spectateurs ainsi qu'une belle moisson de César, Albert Dupontel s'enlise bizarrement dans une...

le 26 oct. 2023

42 j'aime

10

Second Tour
CinemAd
7

Twain, Chaplin, Mickey et Albert

Le virage pris par Albert Dupontel depuis "9 mois ferme" fait des merveilles. Plus équilibré, plus sensible, son cinéma gagne depuis sur tous les plans avec cette exigence formelle qui le caractérise...

le 16 juin 2023

28 j'aime

3

Second Tour
Cinephile-doux
4

Ballottage défavorable

Dupontel le dit lui même, Second tour n'est en aucun cas un brûlot politique et pas non plus un film témoignant d'une l'indignation à la Ken Loach. C'est un documentaire consacré à Robert Kennedy,...

le 8 sept. 2023

23 j'aime

1

Du même critique

The Killer
Cinescreening
8

Fincher casse (encore) le cinéma en désynchronisant son et image

2e long-métrage de Fincher, The Killer est sorti, comme Mank, sur Netflix, le réalisateur étant sous contrat avec la plateforme depuis qu’il se voit refuser le final-cut par les studios...

le 18 nov. 2023

Le Règne animal
Cinescreening
9

Vers un règne du film de genre dans le cinéma français?

Vraie fable contemporaine, Le Règne animal, présenté à Cannes en mai dernier dans la sélection Un Certain Regard, est une film fantastique, universel mais aussi de “genre”aux allures de...

le 13 nov. 2023

Second Tour
Cinescreening
3

Second Tour, un film de second plan dans l'oeuvre du radical Albert Dupontel?

Pourtant totalement adepte voire inconditionnelle tous les films punk du radical Albert Dupontel (Adieu les Cons multi-récompensé aux César, Au revoir là-haut, Bernie, Enfermé dehors...), je dois...

le 13 nov. 2023