Vraie fable contemporaine, Le Règne animal, présenté à Cannes en mai dernier dans la sélection Un Certain Regard, est une film fantastique, universel mais aussi de “genre”aux allures de science-fiction américaine. Tourné en Gascogne, sur les terres de coeur de Thomas Cailley (Les Combattants), le long-métrage surprend par ses résonances avec l’actualité et la profondeur des thèmes qu’il aborde : dans la France contemporaine, des hommes se transforment, suite à des mutations génétiques, en animaux - se posnte ainsi les questions suivantes : faut-il les intégrer? Les soigner? Les parquer? Il est dès lors possible d’interpréter le film comme bon nous semble, et là est sa force : les métamorphoses peuvent être celles de l’adolescence, les mutations comme des conséquences de notre impact environnemental, mais elles soulèvent aussi des questions de transmissions, l’importance des racines familiales... Cette fascination va de pair avec la mise en scène, qui elle aussi, suscite de la curiosité : vrai exercice de style, Le Règne Animal surprend par son inventivité et son réalisme à tous les niveaux. Les transformations hommes-animaux se font de manière progressive, participant à faire monter l’adrénaline, et sont très réalistes : les costumes et le maquillage sont tous simplement hallucinants de beauté, d’étrangeté et d’inventivité. Entre rejet et attraction, l’oeuvre se distingue du paysage cinématographique de par ce magnétisme qu’elle provoque au visionnage. Suivant un scénario assez classique en apparence, les interactions entre les personnages, leur psychologie et leurs passifs sont très clairement exposés, cohérents et les dialogues/situations réalistes, permettant d’entrer dans le film et de s’identifier aux protagonistes. Une très belle expérience esthétique et philosophique donc, qui mélange fantastique, film catastrophe, d’horreur et s’accompagne de touches d’humour bien senties. Très beau.